Un grand frère, compagnon de lutte

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

À peine débarqué le 16 octobre 1963 à Poitiers pour des études universitaires, j’y fis la connaissance de Siradiou Diallo. Militant du Mouvement des étudiants du Parti africain de l’indépendance (Mepai) et l’un des dirigeants les plus écoutés de la section académique de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), il fut pour les jeunes fraîchement arrivés d’Afrique, jusqu’à son départ en juin 1965 pour Paris, un de leurs meilleurs éveilleurs de conscience dans la lutte contre l’impérialisme et le racisme.
Je le retrouvai à Paris, dès octobre 1967, où, inscrit à la Sorbonne et à Sciences-Po, je le rencontrais au Quartier latin. Après l’échec de la tentative portugaise de renversement, en novembre 1970, du gouvernement du président Ahmed Sékou Touré, alors soutien actif de la guérilla du PAICG d’Amílcar Cabral, le bruit courut à Paris qu’il était de connivence avec les envahisseurs. Une information qu’il se garda de me confirmer malgré mon insistance d’historien désireux d’en savoir plus.

Sous l’autorité de son président-fondateur, J.A. lui ouvrit largement les portes des palais présidentiels en Afrique noire francophone. À Libreville, où j’enseignais de 1975 à 1979, je le retrouvais, à son hôtel, à chacun de ses passages dans la capitale gabonaise et, de la fin de 1979 au début de 1987, alors que je résidais à Addis-Abeba, comme fonctionnaire de l’OUA puis du BIT, il me fit faire la connaissance de ses confrères Sennen Andriamirado et Abdelaziz Dahmani.
Après que le terrain fut balisé par Edem Kodjo, Siradiou me fut, sans conteste, d’un grand secours à mon arrivée à Jeune Afrique et, jusqu’à mon départ définitif, fin 1991, pour rentrer au bercail.

la suite après cette publicité

D’avril 1994 à fin août 1996, ministre dans le gouvernement togolais, je reçus à maintes reprises, à Lomé, la visite du grand frère. Ami du président Gnassingbé Eyadéma, il venait s’enquérir de la « cohabitation » entre le Premier ministre Edem Kodjo et le chef de l’État. Pour lui, la participation au gouvernement offrait aux opposants la chance d’acquérir la culture de gouvernement et le sens de l’État.
Et je me rappelle, comme hier, le 29 janvier 2004. À l’occasion de la réunion conjointe, à Lomé, des commissions des lois et des affaires étrangères du parlement de la Cedeao, je conviais à déjeuner, chez moi, les députés Ali N. Diallo, du Mali, président dudit parlement, Siradiou Diallo, de Guinée, et Amath Dansokho du Sénégal, avec leurs vieux amis togolais Messan Martin Aduayom, secrétaire général adjoint de la CDPA (Convention démocratique des peuples africains), et André D. Kuevi, de la direction de l’UFC (Union des forces du changement).
Siradiou Diallo était là pour nous éclairer sur la difficile mais enrichissante expérience de la cohabitation parlementaire qu’il faisait avec son parti, l’URP, à l’Assemblée nationale guinéenne, et surtout pour nous asséner que les anciens de la FEANF n’ont pas à raser les murs ni à se couvrir de honte, mais doivent garder la tête haute.
C’était pour nous le chant du cygne insolite mais plein d’espoir d’un compagnon de lutte à la fin de sa vie.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires