Recherche gamètes désespérément

En France, pour les couples stériles d’origine africaine , avoir un enfant est une gageure.

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Imaginerait-on qu’un couple originaire d’Afrique subsaharienne accepte de mettre au monde un bébé blanc ? C’est pourtant la seule proposition faite aux Subsahariens stériles. Car, si en cas de fertilité réduite, différentes techniques peuvent aider à procréer (stimulation ovarienne, fécondation in vitro), seul le don de gamètes et l’adoption subsistent en cas de stérilité.
Mais certains couples attachent une grande importance au fait de voir leur enfant porté dans le ventre de la maman, ainsi qu’à l’accouchement. Autant d’étapes que l’adoption ne permet pas. Et pourtant, ce n’est pas aussi facile que l’on croit. Car, pour obtenir des gamètes, ovules ou spermatozoïdes, il faut qu’une personne ait, au préalable, fait la démarche de les donner à un Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (Cecos). Et pour les couples français issus de l’immigration, c’est encore plus difficile. Dans les stocks, on trouve surtout des gamètes de donneurs blancs.
Ce « détail » est pourtant un obstacle quasi rédhibitoire pour les futurs parents. En France, les Cecos manquent cruellement de donneurs provenant du Maghreb ou du sud du Sahara. Les employés déplorent leur incapacité à aider ces couples pour lesquels il s’agit pourtant du dernier espoir d’enfanter. D’autant que, bien souvent, ils ne disposent plus de beaucoup de temps pour mener à bien une grossesse. L’exemple type est en effet celui de deux personnes actives, ayant fait des études assez longues et qui décident d’avoir un bébé passé 30 ans. La découverte de la stérilité ne se produit pas tout de suite. Ensuite, de stimulations ovariennes en traitements hormonaux, les solutions envisagées pour tenter d’avoir un enfant « naturellement » prennent quelques années. Et les couples finissent par s’inscrire sur la liste des demandeurs de gamètes après 35 ans, alors que, passé 39 ans, le taux de réussite de l’implantation de l’oeuf ne dépasse pas 5 %. Un casse-tête pour les couples d’origine subsaharienne ou maghrébine. Les personnels des Cecos sont d’ailleurs honnêtes : « À ces couples, nous ne pouvons rien promettre, sinon à l’échelle de plusieurs années, explique une infirmière. Pour une grossesse d’enfant blanc, il faut déjà attendre quatorze mois pour obtenir du sperme et trois à quatre ans pour un ovocyte. »
Quelle solution, alors ? Simplement la sensibilisation au don auprès de toutes les communautés vivant en France. Une information qui doit être le plus large possible, car donner ses gamètes se fait également sous certaines conditions. Il faut être en couple, avoir plus de 45 ans pour l’homme, plus de 35 ans pour une femme, et avoir déjà eu un enfant. Ensuite, ce don, anonyme, est bénévole. Aucun subside ne pourra être tiré de cet acte. Les démarches spontanées pour les gamètes de donneurs blancs représentent seulement 10 % à 20 % des dons selon les Cecos. Dans la majorité des cas, les couples qui pensent que leurs ovocytes ou spermatozoïdes pourraient permettre à des personnes stériles d’enfanter parviennent à cette conclusion parce que, parmi leurs proches, un couple a eu à traverser l’épreuve de l’attente de gamètes.

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