Le Darfour parasite la paix

Publié le 6 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Le processus de paix au Soudan, dont la concrétisation serait imminente au Sud, est menacé… par le conflit du Darfour qui ravage l’ouest du pays. Pendant que le vice-président soudanais Ali Osman Taha et le mouvement sudiste de John Garang négociaient pour surmonter les derniers obstacles à la signature d’un accord de paix souhaité de toute urgence par le président américain George W. Bush, représentants du gouvernement de Khartoum et rebelles du Darfour dialoguaient indirectement, depuis le 31 mars, à N’Djamena par le truchement du président tchadien Idriss Déby et en présence d’Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’Union africaine. Le même jour, à Khartoum, les forces de sécurité ont arrêté Hassan el-Tourabi, chef du mouvement islamiste soudanais, et suspendu les activités de son parti, le Congrès populaire, dans le cadre d’une enquête sur un présumé complot fomenté par une dizaine d’officiers et d’hommes politiques soupçonnés d’être proches de la rébellion du Darfour. C’est le dernier prolongement de la lutte armée engagée en avril 2003 par deux mouvements rebelles jusque-là inconnus, le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et le Mouvement armé de libération du Soudan (MALS), pour réclamer l’autodétermination. En décembre 2003 et en janvier 2004, les forces gouvernementales, soutenues par des tribus locales, ont engagé une contre-offensive qui leur a permis, disent-elles, de contrôler les quatre cinquièmes du Darfour. Selon l’ONU, plus de 100 000 personnes auraient fui la région pour se réfugier au Tchad, pas moins de 750 000 auraient été déplacées à l’intérieur du Soudan. On parle aussi de 3 000 à 10 000 morts. Les chefs rebelles du Darfour sont essentiellement issus de la tribu des Zaghawas, qui vit à cheval sur les quelque 500 km de frontière théorique entre le Soudan et le Tchad. C’est elle qui a constitué la colonne fortement armée qui a permis au président Déby – qui en est issu – de marcher sur N’Djamena et d’y prendre le pouvoir en décembre 1990. Telle qu’elle est partie et malgré la présence d’observateurs des grandes puissances, la réunion de N’Djamena court vers l’échec tant qu’un cessez-le-feu n’est pas respecté, que les secours humanitaires rencontrent des obstacles et qu’un compromis politique n’est pas atteint. Elle risque même de retarder la conclusion de l’accord de paix entre Garang et Khartoum et de compliquer la situation au Tchad. D’autant que, comme le souligne un diplomate en poste dans la région, il y a comme une odeur de pétrole et… de cannabis dans le Darfour, sur fond de manoeuvres géostratégiques marquées par la nouvelle politique globalisante des États-Unis dans la région.

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