Le copain des petits et l’ami des grands

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 1 minute.

En voyant sa photo sur la couverture de votre numéro 2254, j’ai pensé naïvement que Siradiou était revenu à l’écriture. Dans mon for intérieur, j’ai toujours souhaité son retour à J.A.I., oubliant que le virus de la politique et l’odeur du terroir l’en empêchaient. Hélas ! l’article était nécrologique : Siradiou Diallo est parti en douceur, comme il a vécu. Discret, cravaté, musulman et guinéen. Mais pourquoi si tôt ?
Je me souviens de ce jour dans les années 1980 où il me demanda de le conduire à Kairouan pour prier à la mosquée d’Oqba Ibn Nafaâ, compagnon du Prophète. En costume trois pièces ou dans son boubou peul, Diallo était profondément musulman ; d’ailleurs, son prénom est la contraction de Sirajeddine (la lanterne de la foi) en arabe. Assiatou, son épouse, l’était aussi. En 1977, j’ai dû intervenir auprès d’un ami, attaché à l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris, pour qu’elle obtienne un visa pour les Lieux saints. C’était également le seul moyen de retrouver ses parents à La Mecque, puisque, Siradiou condamné à mort par Sékou Touré, sa femme ne pouvait pas non plus mettre les pieds à Conakry.

J’étais jeune journaliste et notre rédaction en chef était bicéphale : Siradiou Diallo le sage, à l’aile droite, et Hamid Barrada le fougueux, à l’aile gauche. Le baobab de Guinée face au fennec du Maroc, en somme. Mais l’équilibre était assuré par le lion de la savane, Béchir Ben Yahmed.
Deux fois par semaine, nous allions déguster le plat du jour, à la cantine du coin, chez Michel le Joufflu. Car Diallo était le copain des petits et l’ami des grands. Admirateur de Chou En-Laï, de Bourguiba et de Senghor, il aspirait à la présidence de son pays. Mais le Ciel et ses reins en voulurent autrement…

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