La vérité sur le 11 mars

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 3 minutes.

Le matin du 11 mars, quelques minutes après 7 h 30, on a fait sauter plusieurs sacs à dos bourrés d’explosifs dans des trains de banlieue de la ligne Guadalajara-Madrid. Plus de 200 personnes ont été tuées, plus de 1 400 blessées, et des centaines de familles ont été anéanties. […]
Dans les heures qui ont suivi les attentats, l’enquête s’est portée sur le groupe terroriste basque ETA, qui était un suspect tout indiqué. […]
Sans compter ses autres méfaits, l’ETA a commis, en trente ans, près de huit cents crimes. […] Quelques jours auparavant, une tentative d’attentat organisé avec 500 kilos d’explosifs avait été déjouée par notre police nationale, la Garde civile. Les hommes qui ont alors été faits prisonniers étaient en possession d’une carte où la zone d’Alcalá de Henares, celle où circulaient les trains pris pour cible le 11 mars, avait été soulignée. C’est cette même ETA qui avait voulu commettre un massacre, la veille de Noël, à la gare Chamartín de Madrid, et qui en avait été empêchée par l’action de notre police. Et, pour continuer ce catalogue macabre, c’est encore l’ETA qui, en décembre 1999, a transporté plus d’une tonne et demie d’explosifs à Madrid, dans deux camionnettes. Une fois de plus, on doit à nos forces de sécurité d’avoir fait échouer ce qui aurait été un véritable carnage. […]
En fait, la seule personne qui opposa un démenti public à la participation de l’ETA dans le 11 mars fut le leader de Batasuna, une organisation que nos tribunaux ont déclarée illégale à cause de ses liens avec l’ETA et qui figure sur la liste des organisations terroristes, tant en Europe qu’aux États-Unis. […]
Quand le ministre de l’Intérieur fut informé, l’après-midi du 11 mars, de la découverte dans un véhicule d’une cassette en arabe et de plusieurs détonateurs, il n’en décida pas moins d’ouvrir une enquête sur ces nouvelles bases. Et il porta immédiatement ces faits à la connaissance de la population. […]
Le soir qui suivit les attentats, toute l’Espagne connaissait la tournure prise par l’enquête. Dès le samedi, les Espagnols avaient été mis au courant de toutes les arrestations. Le gouvernement leur a révélé tout ce qu’il était raisonnable de révéler sans compromettre le bon déroulement de l’enquête. […]
L’Espagne était sous le choc, désorientée, elle avait besoin qu’on la rassure. C’était le moment de rester calme, de renforcer l’unité nationale, de laisser la police faire son travail et, par-dessus tout, de ne pas aviver les tensions créées par cette terrible situation. Mais c’était aussi, juste avant les élections, un moment où la tentation, pour certains, d’exploiter la situation à des fins politiques devient irrésistible. […]
Tout au long de la carrière politique qui a été la mienne, j’ai fait l’objet des remontrances les plus cinglantes, tant pour des décisions que j’ai prises que pour d’autres que je n’ai pas prises… Je n’ai jamais eu l’arrogance de me dérober aux critiques, quand elles étaient fondées. Donc, je ne suis pas un lâche, et je ne manque jamais de rendre coup pour coup lorsqu’on me dénigre sans raison. […]
Les polémiques engendrées par les attentats de Madrid ont porté sur le fait de savoir qui de l’ETA ou d’el-Qaïda les avait commis. Il va de soi qu’il était essentiel de découvrir qui était derrière ces attaques. Mais la menace terroriste est une. […]
ETA ou el-Qaïda – la différence n’est certes pas négligeable, mais la réaction à ce qui s’est passé devait, en toute hypothèse, être la même : fermeté, unité politique et coopération internationale. Dans ces trains, il y avait un peu de chacun des démocrates du monde entier. C’est nous tous qui avons été agressés, avec ce en quoi nous croyons et ce que nous avons construit.
Et c’est précisément pour cela que nous ne devons pas semer la confusion en faisant croire aux gens qu’il faudrait faire des concessions à ceux qui veulent nous mettre à genoux avec leurs bombes. Ce n’est pas le moment d’imaginer un retrait des troupes. […] Si nous devions céder aujourd’hui, nous créerions un dangereux précédent qui autoriserait nos agresseurs à se convaincre qu’ils nous ont imposé leurs conditions.

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