La caravane des yeux

Dans le cadre de l’initiative « Vision 2020 » initiée par les Nations unies, une association tunisienne dispense son savoir au sud du Sahara.

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Le poids de la cécité augmente et il doublera d’ici à 2020 si des mesures ne sont pas prises d’urgence. Ce constat, en forme de cri d’alarme, a été posé il y a trois ans par l’Organisation mondiale de la santé à l’occasion du lancement de « Vision 2020 : le droit à la vue », une initiative mondiale pour l’élimination en vingt ans de la cécité évitable. L’Afrique subsaharienne compte plus de 2 millions d’aveugles et 6 millions de déficients visuels, et ne dispose pas de suffisamment de ressources humaines et matérielles pour y faire face. Sur le continent, la liste d’attente pour se faire opérer de la cataracte varie de deux mois à deux ans. Or, en deux ans, on peut devenir inopérable. D’où l’importance de l’action menée sur le terrain par une ONG africaine, Nadi al-Bassar (Club de la vision), basée à Tunis et disposant d’une centaine d’ophtalmologistes bénévoles. Plusieurs fois par an, sa « caravane des yeux » se rend au sud du Sahara pour y opérer gratuitement des mal-voyants atteints de cataracte, principale source de cécité dans la sous-région.
Du 9 au 18 décembre 2003, six chirurgiens et deux infirmiers volontaires se sont ainsi rendus au Niger. Avec l’assistance de leurs collègues nigériens, ils y ont donné 2 000 consultations et effectué 360 opérations gratuites de la cataracte, et ont participé à deux conférences destinées au perfectionnement du personnel médical et paramédical.
Patronnée par des sommités et des organisations internationales actives dans la lutte contre la cécité, l’ONG Nadi al-Bassar n’est pas inconnue dans les milieux médicaux africains. Outre le Niger, où elle a réalisé sa seconde visite, elle a, depuis 1989, entrepris des missions en Mauritanie, au Soudan, en Afrique du Sud, au Sénégal, en Gambie, au Malawi, à Djibouti, au Mali et au Tchad.
Pour 2004, sa « caravane des yeux » s’apprête à retourner à N’Djamena et à Bamako. « Au Mali, 60 000 malades de la cataracte attendent d’être opérés », signale le Dr Ahmed Trabelsi, le vice-président de Nadi al-Bassar, qui s’est rendu en janvier dernier dans ces deux pays pour évaluer leurs besoins. Ceux-ci comportent, outre la chirurgie, la formation à de nouvelles techniques opératoires et l’accueil d’ophtalmologistes maliens et tchadiens en Tunisie pour poursuivre leur spécialisation.
L’utilité de Nadi al-Bassar est telle que son rayon d’action a dépassé le cadre des pays francophones pour s’étendre à l’Afrique du Sud. « Il faut savoir que le nombre d’ophtalmologistes en Afrique du Sud est insuffisant. Depuis 2002, nous y envoyons régulièrement des missions », explique le Dr Khaled Ben Amor. Et d’ajouter : « Dans tous les pays où nous nous sommes rendus, nous avons tissé des liens solides. Parce que nous sommes proches des gens, que nous travaillons dans leurs conditions, et que plusieurs des ophtalmologistes se sont ensuite perfectionnés en Tunisie. »

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