Fronde des intellectuels britanniques

Chercheurs et universitaires s’interrogent sur les motivations qui ont conduit Tony Blair à engager son pays dans la guerre.

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Une bonne partie de l’opinion britannique est hostile à l’engagement aux côtés des Américains en Irak. Mais les intellectuels, eux aussi, s’interrogent. Témoin, un débat récent au Royal Institute of International Affairs de Londres, évoqué par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira.
David Johnson, un membre de l’ambassade américaine, était venu porter la bonne parole, à savoir qu’« un changement fondamental pourrait intervenir au Moyen-Orient lorsque les peuples prendront conscience qu’ils ont droit à la liberté, que le terrorisme peut être vaincu et que l’on peut créer un monde où règne la sécurité ».
Pour le professeur Paul Rogers, de l’université de Bradford, « il est clair que l’Irak, pays arabe clé, sera pendant longtemps un État client des États-Unis, avec la présence de forces militaires américaines. Ce qui ne peut que conforter la stratégie d’el-Qaïda. Quel intérêt a la Grande-Bretagne à s’associer à une telle entreprise, alors qu’il lui faudra engager des milliers de soldats et que cela lui coûtera des milliards de livres ? Le pétrole ? Pour l’instant, la Grande-Bretagne a ce qu’il lui faut. Mais évidemment, cela ne durera pas toujours… »
Le docteur Charles Tripp, qui a écrit des livres sur l’Irak et enseigne à l’École des études orientales et africaines, considère que le « comportement de caniche » de Tony Blair s’explique par « un appétit éhonté de pouvoir ». « La plupart des Premiers ministres britanniques, dit-il, ont toujours pensé qu’il était important de figurer en bonne place, même si l’on n’est que l’invité des Américains. À Whitehall, on préfère être le premier des alliés des États-Unis que relégué dans la vieille Europe, même si l’on n’a rien en échange. »
Le fait qu’il n’y ait aucune « stratégie de sortie » de l’Irak n’arrange pas les choses. « Si les Américains décident de s’en aller, note Tripp, les Britanniques seront obligés de suivre. On ne les voit pas rester là-bas tout seuls. Mais il est également peu probable qu’ils s’en aillent avant eux. » Et il conclut : « C’est vraiment une étrange guerre. Bush dit qu’elle ne finira jamais. Mais comment saura-t-on qu’on l’a gagnée ? »

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