Côte d’Ivoire : Simone Gbagbo tente d’imposer sa voix
Isolée politiquement et sans parti, l’ex-première dame a demandé à participer au dialogue politique qui doit reprendre ce jeudi, sous l’égide du Premier ministre Patrick Achi.
« Il faut donner au dialogue politique un caractère inclusif en associant toutes les forces vives de la nation », insiste Simone Gbagbo, listant les partis politiques, les organisations de la société civile, les mouvements des droits humains, les organisations religieuses, les autorités coutumières, les syndicats, les organisations professionnelles et les leaders d’opinion. Mercredi 19 janvier dans la matinée, l’ex-première dame a fait une déclaration à la presse avant la reprise du dialogue politique entre opposition et majorité prévue le lendemain. Le seul moyen pour elle de tenter de se faire entendre alors qu’elle n’appartient plus à aucun parti politique.
Amnistiée par la justice ivoirienne en 2018, elle a en effet rompu politiquement avec Laurent Gbagbo – avec lequel elle est aussi en procédure de divorce -, refusant de rejoindre son nouveau parti, le PPA-CI. Elle n’a pas plus fait d’alliance avec Pascal Affi N’Guessan, resté à la tête du Front populaire ivoirien (FPI).
Participer à tout prix
Simone Gbagbo s’exprimait au nom d’organisations de la société civile, dont le Mouvement des générations capables (MGC), créé en septembre dernier et dont elle est la marraine, et de partis comme le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), l’Union des socio-démocrates, l’Alliance ivoirienne pour la République et la démocratie (AIRD), ou encore le Parti communiste révolutionnaire de Côte d’Ivoire (PCRCI). Tous demandent à être associés au dialogue politique lancé par le Premier ministre Patrick Achi mi-décembre, auquel vont participer les principales formations d’opposition. Le dialogue devrait réellement commencer ce jeudi 20 janvier, après plusieurs semaines de suspension. Une conférence de presse du procureur Richard Adou, lors de laquelle il a pointé la responsabilité des principaux leaders de l’opposition dans les violences électorales de 2020, a en effet fait ressurgir les tensions.
L’ex-Première dame prône l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum et une loi d’amnistie générale
« Il s’agit, pour ces organisations, d’insister pour obtenir leur participation à ces rencontres », a souligné la marraine de MGC. Elle a également effectué une série de propositions, notamment la création de deux instances consensuelles pour garantir la transparence des échanges : un comité d’organisation et une commission chargée du suivi et de l’évaluation. Simone Gbagbo suggère également de faire un point sur les dialogues précédents.
Libération des prisonniers
L’ex-première dame, qui a fait de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance son credo, dénonçant une crise de valeurs et brandissant la crainte de Dieu, a évoqué quatre sujets de discussions essentiels, selon elle : la sécurité, l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum, la réforme du système électoral et la réconciliation nationale. « Cette Constitution n’est pas consensuelle puisqu’elle a exacerbé les tensions et divise davantage les populations, a-t-elle affirmé. Comment une loi fondamentale aussi « confligène », peut-elle garantir la paix sociale que tous recherchent ? »
Concernant la question de la libération des prisonniers, portée par Laurent Gbagbo depuis son retour en Côte d’Ivoire en juin dernier, Simone Gbagbo propose l’adoption d’une loi d’amnistie générale qui bénéficierait à tous les détenus politiques civils et militaires, dont ceux en liberté conditionnelle. Reste à savoir si ses souhaits seront entendus par les participants à un dialogue auquel elle n’est pas conviée.
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