Fanci ou Forces parallèles ?

Publié le 5 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Qui sont les auteurs des opérations armées qui ont endeuillé certains quartiers et faubourgs d’Abidjan ? Les forces régulières de défense et de sécurité ? Des éléments infiltrés dans les rangs de celles-ci ? En attendant que les enquêtes demandées par la plupart des protagonistes de la crise ivoirienne au lendemain des journées meurtrières des 25 et 26 mars établissent les responsabilités, la question alimente les controverses et prend le pas sur la polémique à propos du nombre des victimes. Elle a été évoquée dès le 27 mars, au cours d’une rencontre convoquée par le président Laurent Gbagbo et réunissant le Premier ministre Seydou Elimane Diarra, le ministre de la Défense René Amani, son collègue de la Sécurité Martin Bléou, les patrons des différents corps d’armée et le chef d’état-major général des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), le général Mathias Doué.
Les participants à la réunion sont jusqu’ici restés peu diserts sur ce que d’aucuns appellent une explication franche. Tout au plus sait-on que le chef des Fanci est monté au créneau pour indiquer que les forces régulières n’ont rien à voir avec les tueries. Et de préciser en substance que « l’habit ne fait pas le soldat », rapporte le quotidien 24 heures. En clair, que depuis le coup d’État de décembre 1999 le treillis et l’uniforme font partie de la garde-robe de nombre de jeunes et moins jeunes Ivoiriens. Que les hommes qui sont entrés dans « l’enceinte des cours » – comme on appelle ici l’intérieur des concessions – pour des rafles et autres exactions ne sont pas issus des rangs des forces de défense et de sécurité. Que celles-ci n’ont fait usage que d’armes conventionnelles pour le maintien de l’ordre.
Le chef du gouvernement de « réconciliation nationale » n’est pas loin de penser la même chose. Il laisse entendre l’implication d’« organisations informelles parallèles » dans les sanglantes journées d’Abidjan. Certains de ses collaborateurs dénoncent « une partie des forces républicaines dévoyées », tandis que le représentant spécial de Kofi Annan en Côte d’Ivoire, le Béninois Albert Tévoédjrè, mentionne « des indications selon lesquelles des éléments civils irrégulièrement armés et en uniforme auraient pris part à ces agissements aux côtés des forces de défense et de sécurité ». Le ministre de la Sécurité Martin Bléou a confirmé le 1er avril les doutes du fonctionnaire de l’Onu. Il a attribué les « exactions » à des « forces parallèles en uniforme » et réaffirmé que les « rafles » étaient en revanche des interpellations régulières.
Il n’en faut pas davantage pour que les regards se tournent vers les Jeunes patriotes autoproclamés défenseurs du régime Gbagbo – qui multiplient les déclarations pour protester de leur innocence -, mais aussi en direction de groupes paramilitaires pourtant officiellement dissous depuis plusieurs mois déjà. Reste que, quel que soit leur nombre, les victimes – tout le monde en convient – ne sont pas mortes de paludisme. Pas plus les deux policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions que les civils fauchés dans la rue et quelquefois chez eux. Quelqu’un a bel et bien tiré. Mais qui ?

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