Mauvaise surprise pour Niasse

Publié le 5 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Avec 16 % des voix au premier tour de la présidentielle de 2000, l’homme se voulait, sept ans plus tard, « optimiste et serein ». « Mes différentes expériences dans la gestion de l’État, les politiques publiques et les relations internationales font de moi un candidat très sérieux », déclarait, avant de battre campagne, Moustapha Niasse, déterminé à obtenir la défaite d’Abdoulaye Wade à l’issue de cette course à la magistrature suprême. « Pour le battre, la stratégie de l’opposition rassemblée dépendra des résultats du 25 février », ajoutait-il. Sûr de son fait, le leader de l’Alliance des forces de progrès (AFP) se voyait, quoi qu’il en soit, dans le peloton de tête et comptait bien jouer les premiers rôles dans la perspective d’un second tour. Finalement, le chef de l’État sortant a tout raflé sur son passage, et le « fils » de Keur Madiabel, dans la région du Sine-Saloum, se retrouve loin derrière ses principaux concurrents. Ancien directeur de cabinet du président Léopold Sédar Senghor de 1970 à 1979, ex-Premier ministre d’Abdou Diouf en 1983 puis d’Abdoulaye Wade de 2000 à 2001, il n’a pas su convaincre. Successivement cacique du pouvoir socialiste, allié de circonstance du maître du sopi (« changement », en wolof) avant de retourner dans les rangs de l’opposition, il n’est pas parvenu à faire oublier un parcours sinueux. « Je ne regrette rien et je ne demande pas pardon pour une faute que je n’ai pas commise », expliquait-il, début février, pour justifier ces retournements d’alliance. Les électeurs ne l’ont pas suivi. Son entourage accuse le coup.
« Il faut réfléchir à la suite », confie l’un d’entre eux, qui exclut cependant toute retraite anticipée de son chef de file aujourd’hui âgé de 67 ans. « Son leadership n’est pas remis en cause, car ce sont des facteurs externes, et notamment le fichier électoral biaisé, qui expliquent ce score. Actuellement, c’est lui qui garde le moral et qui console les militants », assure le fidèle lieutenant. Objectif : resserrer les rangs avant les élections législatives prévues en juin. La partie est pourtant loin d’être gagnée. Accaparé par ses responsabilités professionnelles et la direction de plusieurs sociétés, notamment dans le secteur pétrolier, Niasse passe pour un « intermittent de la politique ». Souvent absent du pays, il a par ailleurs subi, ces dernières années, la désertion d’anciens amis partis grossir les rangs de la majorité présidentielle. Si chacun lui reconnaît de ne pas s’être enrichi par ses mandats et ses fonctions ministérielles, il va devoir à présent prouver qu’il a de la ressource et les moyens de contenir l’hémorragie qui frappe sa formation. Entre l’attraction du « pôle libéral » et la recomposition des autres forces articulées autour du Parti socialiste, il sera difficile de résister.

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