Lotfi Raissi, victime collatérale

Publié le 5 mars 2007 Lecture : 1 minute.

Son nom figure sur la liste noire des grandes compagnies aériennes. Il a perdu son job et sa vie est brisée. Six ans et demi après son incarcération à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, le pilote franco-algérien Lotfi Raissi (32 ans) n’en finit pas de payer le prix de sa prétendue implication dans les attentats du 11 septembre 2001.
Les malheurs de Lotfi et de Sonia, son épouse française rencontrée aux États-Unis, commencent le 21 septembre de cette même année, dans la grande banlieue de Londres, où ils résident. À l’aube, le couple est brutalement réveillé par des policiers de la section antiterroriste de Scotland Yard. Jeté nu dans un véhicule, Lotfi est conduit dans un commissariat où il est interrogé sans ménagement. « C’est notre homme », tranche un responsable, convaincu d’avoir mis la main sur un dangereux « terroriste ». Dans le sillage du FBI, le gouvernement britannique accuse Raissi d’avoir donné des cours de pilotage à quatre des dix-neuf kamikazes du 11 Septembre. Dans l’attente de son extradition vers les États-Unis où il risque la peine de mort, le jeune homme est emprisonné à Belmarsh. Il est libéré en avril 2002, les magistrats ayant fini par admettre l’insuffisance des « preuves » recueillies par la justice américaine.
Aujourd’hui blanchi, mais ruiné, Raissi, dont l’épouse a également perdu son emploi – chez Air France -, se refuse à abdiquer. Même si, le 24 février, la Haute Cour de justice britannique, se rangeant à l’avis du ministère de l’Intérieur, a rejeté son appel visant à obtenir des compensations morales et financières pour les cinq mois qu’il a passés en prison. Pour elle, une indemnisation n’est envisageable que dans le cas d’une erreur liée à une affaire criminelle. Pas dans celui d’une demande d’extradition.
Tous les recours ne sont pourtant pas épuisés. « Je n’ai d’autre choix que de faire confiance à la justice britannique et de prier pour qu’elle ne tarde pas trop à réparer l’injustice dont j’ai été victime », commente Raissi.

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