L’Europe propose, la Chine dispose

Entre coopération européenne et investissements chinois, les entrepreneurs d’Afrique centrale et de l’Ouest cherchent leur place.

Publié le 5 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 31 janvier, l’hôtel Hilton de Yaoundé, au Cameroun, a accueilli d’un côté la conférence AfriConstruct, organisée par le programme européen ProInvest et destinée au financement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ; de l’autre une délégation officielle chinoise conduite par le président Hu Jintao à l’occasion de sa troisième tournée sur le continent. A priori aucun rapport entre les deux. Et pourtant
AfriConstruct a réuni pendant trois jours des acteurs majeurs du BTP, experts du développement économique et de l’environnement des affaires ainsi que des investisseurs, venus se rencontrer pour favoriser l’établissement d’accords de coopération et d’investissements interentreprises dans la sous-région. Les 1 320 rencontres d’affaires organisées en face à face entre les entrepreneurs africains et européens constituaient l’élément principal de cette manifestation. Elles ont abouti à la rédaction de 202 lettres d’intention devant mener à la signature prochaine de contrats effectifs. Le bilan reste positif, mais des inquiétudes demeurent.
La démarche de l’Europe, à travers ce programme, est de favoriser l’investissement et les transferts de technologies dans la sous-région. L’Europe souhaite avant tout formaliser la filière en créant un corpus réglementaire qui se rapproche des standards internationaux afin de ne pas léser les ressources et le savoir-faire local. Mais le discours semble encore bien loin de la réalité et des priorités. Actuellement, les entrepreneurs de la sous-région souffrent du manque de compétitivité dans les appels d’offres, du manque de formation et du coût élevé de l’argent qui freine l’accès aux financements.
La visite du président chinois Hu Jintao au Cameroun est teintée d’objectifs et de méthodes bien différents. L’heure est à l’action, peu importe le prix à payer. Des accords concernant la construction d’un hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique à Douala, la capitale économique, et de deux écoles rurales, ainsi que la fourniture d’équipements médicaux pour un hôpital de Yaoundé ont été signés. À cette occasion, le président camerounais Paul Biya a également précisé que des négociations étaient engagées pour des projets d’adduction d’eau potable et de construction de logements sociaux.
La Chine, assoiffée de matières premières et d’hydrocarbures pour faire face à ses besoins énergétiques surdimensionnés, n’hésite pas à multiplier les investissements dans la sous-région. Selon l’ambassadeur de Chine à Yaoundé, Wang Sifa, le volume des échanges commerciaux avec le Cameroun a doublé en 2006 par rapport à 2005, pour atteindre 338 millions de dollars.
C’est précisément dans ce contexte que les entreprises africaines de la construction, confrontées au développement croissant des chantiers made in China, ont exprimé leur impuissance et souligné le décalage entre le discours européen et la réalité chinoise. À charge donc pour les gouvernements africains, enthousiasmés par la hausse des investissements chinois sur le continent, d’accorder davantage de place aux entrepreneurs locaux, qui auront bien du mal à s’imposer dans un marché mondialisé où les places sont chères.

Pour plus d’infos : www.africonstruct.org et www.proinvest-eu.org

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