Cameroun : après Biya, l’heure de Kamto et de l’opposition ?

« Cameroun : les scénarios de la succession » (4/4). Si, dans un an, Paul Biya n’était plus président, ses adversaires politiques auraient-ils une chance ? Ils en sont en tout cas persuadés. Mais encore faudrait-il qu’une figure consensuelle se dégage.

Partisans de Joshua Osih, du SDF, et de Maurice Kamto, à la tête du MRC © Montage JA

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Publié le 3 février 2022 Lecture : 7 minutes.

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Cameroun : les scénarios de la succession de Paul Biya

Le 13 février, Paul Biya fêtera pour la quarantième fois son anniversaire au sommet de l’État. Mais que se passerait-il si, dans six mois, dans un an, il n’était plus en capacité de gouverner ?

Sommaire

L’attente se fait longue, dans les locaux du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) en ce 8 octobre 2018. Au cœur du quartier Odza, dans le sud de Yaoundé, des dizaines de journalistes ont fait le déplacement et attendent la conférence de presse de Maurice Kamto, candidat de l’opposition au premier tour de l’élection présidentielle, qui a eu lieu la veille. Le représentant de Cameroon Tribune, le quotidien gouvernemental, est bien présent. La Une de son journal est déjà bouclée et évoquera Paul Biya le lendemain, mais le journaliste est là, par principe. Les heures passent. Certains reporters s’éclipsent et rejoignent les petits restaurants du coin. La vipère en sauce, arrosée d’une bière glacée, permet de passer le temps. Mais le repas achevé, le candidat du MRC ne se montre toujours pas.

Une fronde s’organise. Un journaliste tente de convaincre ses confrères de ne pas se prêter au jeu de l’attente interminable et de quitter les lieux. L’argument porte. Faute d’unanimité, l’initiative échoue cependant. Les hommes de Maurice Kamto calment les plus irrités. « Le patron est en route », répètent-ils. Enfin, un tout-terrain noir passe le portail, aussitôt entouré par un service d’ordre sur les dents. Le candidat en descend, rejoint la salle où la foule de ses supporters s’est massée aux côtés des journalistes. Fines lunettes sur le nez, l’air bonhomme mais offensif, l’opposant attaque : « J’ai reçu mission de tirer le penalty historique. Je l’ai tiré, le but a été marqué ». Maurice Kamto vient de se déclarer président élu.

« Nous parions sur une implosion du système”

Plus de trois années ont passé. Ce 9 janvier 2022, un autre penalty retient l’attention des Camerounais. Les Lions indomptables jouent la 48e minute de leur match contre le Burkina Faso, en ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), à Yaoundé. Le défenseur des Étalons fauche dans sa surface de réparation l’attaquant camerounais Nouhou Tolo. L’arbitre n’hésite guère, indiquant le point de penalty. Vincent Aboubakar se charge de la sanction, inscrit son deuxième but de la soirée et permet à son équipe de l’emporter deux buts à un. Grand amateur de football, Maurice Kamto se sent soulagé. Invité à la cérémonie d’ouverture par un ami de l’Union africaine, il a préféré suivre le match des Lions à la télévision, loin de Paul Biya, installé dans les tribunes du stade de Yaoundé. A-t-il pour autant dit adieu à ses ambitions de succession ?

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