« Docteur Betterave » remplacée ?

Publié le 5 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

La pression est intense sur Thabo Mbeki. Depuis la réhospitalisation de Manto Tshabalala-Msimang à Johannesbourg pour une anémie couplée à une effusion pleurale, le 20 février, la presse, l’opposition et les associations de lutte contre le sida enjoignent au président sud-africain de remplacer sa très controversée ministre de la Santé.
« Manto hospitalisée sous assistance respiratoire », titrait le Mail and Guardian online le 22 février, avant d’être démenti le lendemain par le gouvernement. « La chose la plus honorable à faire [], c’est de démissionner », renchérissait deux jours plus tard Dianne Kohler-Barnard, députée de l’Alliance démocratique (DA, principal parti d’opposition) dans un autre organe de presse.

Pour ses détracteurs, la constitution fragile de Tshabalala-Msimang ne lui permettrait plus d’assumer la lourde charge de ministre de la Santé, un poste clé en Afrique du Sud, où le taux de prévalence du sida atteint près de 12 %. Tous en veulent pour preuve sa nouvelle rechute, moins de deux mois après son retour aux affaires, début janvier. Hospitalisée une première fois pendant trois semaines en octobre dernier pour une infection pulmonaire, Tshabalala-Msimang avait connu ensuite une longue période de convalescence, qui l’avait tenue éloignée de ses bureaux.
Mais derrière cette requête se cachent en fait d’autres motivations. Les adversaires de la ministre de la Santé voient surtout dans sa nouvelle indisponibilité l’occasion de se débarrasser définitivement du « Docteur Betterave », un surnom qu’elle a glané pour sa conception très particulière de la lutte contre le sida. Depuis le début des années 2000, les mouvements de personnes séropositives se heurtent régulièrement à sa réticence à diffuser les médicaments les plus modernes, au profit de remèdes alternatifs comme la consommation d’ail, de citron et de jus de betterave…
La médiatisation de ce genre de fantaisies lors de la conférence internationale sur le sida de Toronto, du 13 au 18 août dernier, avait permis aux associations de remporter un premier succès. Contraint de donner le change à une lettre qui lui avait été adressée quelques jours après le sommet par quatre-vingt-un spécialistes scandalisés, le président Mbeki avait retiré à Tshabalala-Msimang le dossier de la lutte contre le sida en octobre. Il l’avait alors confié au South African National Aids Council, présidé par la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka.

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À l’époque, les associations n’avaient pas réussi, en revanche, à obtenir la tête de la ministre, comme le demandait pourtant la missive envoyée au chef de l’État. Y parviendront-elles cette fois ? Le 26 février, Mbeki s’est résolu à confier le portefeuille de la Santé au ministre des Transports, Jeff Radebe, en attendant le rétablissement de « Manto ». Une mesure provisoire que beaucoup souhaiteraient pérenne. Pour la remplacer définitivement, on évoque le nom de Nozizwe Madlala-Routledge, actuelle numéro deux du ministère de la Santé qui jouit d’une meilleure réputation dans la lutte contre la pandémie…

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