Airbus et Boeing jouent des coudes

Tunisair et Royal Air Maroc renouvelleront prochainement une partie de leur flotte.

Publié le 5 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

Le sauvetage de l’avionneur européen Airbus, dont le plan de restructuration, baptisé « Power 8 », a été annoncé le 1er mars, passe aussi par le Maghreb. Et notamment le Maroc et la Tunisie. D’abord, sur le plan commercial, puisque les flottes des compagnies aériennes des deux pays sont essentiellement constituées d’Airbus (majoritaires chez Tunisair) et de Boeing (majoritaires chez Royal Air Maroc). Ensuite, sur le plan de la réduction des coûts, Maroc et Tunisie étant devenus depuis quelques années des sites de sous-traitance pour les deux géants aéronautiques.
À la mi-février, deux semaines avant l’annonce du plan de restructuration, Dominique Perben, le ministre français des Transports, s’est rendu à Tunis. Une visite un peu surprenante dans la mesure où l’actuelle équipe gouvernementale n’est en place que jusqu’à la présidentielle du mois de mai. C’est que Perben avait un message urgent à faire passer : achetez nos avions et vous pourriez bénéficier des retombées du plan Airbus en matière de sous-traitance et de réduction des coûts.
Tunisair et Royal Air Maroc ont en effet besoin de nouveaux appareils pour faire face à l’augmentation du nombre des touristes, mais aussi développer leurs liaisons internationales, vers le Moyen-Orient et l’Afrique notamment. En outre, elles commencent l’une et l’autre à nouer des partenariats avec des compagnies nationales ouest-africaines, ce qui nécessite un renforcement de leurs flottes. Boeing et Airbus sont naturellement sur les rangs. Mais le premier bénéficie actuellement d’un taux de change favorable, le dollar s’étant déprécié par rapport à l’euro.
Le plan de renouvellement de la flotte de Tunisair pour la période 2007-2016 est en cours de finalisation et devrait être rendu public en avril. Mais l’âge moyen de la trentaine d’appareils (Airbus et Boeing) que possède la compagnie ne dépassant pas 7,5 ans, il est probable que tous ne seront pas remplacés à moyen terme. Selon nos sources, Tunisair ne devrait pas acquérir plus d’une quinzaine d’appareils, étant entendu que, dans l’hypothèse d’un développement du trafic plus important que prévu au cours des dix prochaines années, d’autres achats sont envisageables. Par ailleurs, Tuninter, filiale de Tunisair pour les lignes intérieures, est sur le point de se doter de deux avions court-courriers de soixante-dix et cent places. Trois fournisseurs sont sur les rangs : le franco-italien ATR, le canadien Bombardier et le néerlandais Fokker.
Le « plan de flotte » de la RAM prévoit quant à lui l’acquisition d’ici à 2012 de vingt-quatre appareils moyen-courriers et de cinq long-courriers. Aucun calendrier n’a été fixé, mais, début févier, Driss Benhima, le président de la compagnie, a estimé que l’accélération de ces achats était une « option » à prendre en considération.
Les deux pays ne sont pas insensibles à l’attrait de nouveaux investissements directs étrangers, surtout dans l’aéronautique, industrie à la fois propre et grosse utilisatrice de main-d’uvre.
En 2001, la RAM, Boeing et Labinal (groupe Safran) ont créé un joint-venture, Matis Aerospace, dont l’unité de Casablanca réalise des harnais électriques pour Boeing, Airbus, Dassault Aviation et Gamesa, ainsi que pour les moteurs de type CF M56. Parallèlement, Labinal a, en novembre 2004, créé au Maroc un centre d’affaires spécialisé dans la fabrication de câblages électriques destinés à l’industrie aéronautique. Son principal client est Airbus. En 2006, cette même société a ouvert à Ain Atig une unité spécialisée elle aussi dans l’assemblage et la commercialisation de câblages électriques. Enfin, Safran produit désormais au Maroc des composants de nacelles d’avions (Aircelle Maroc).
En Tunisie, le groupe français Latecoere possède deux unités de production, l’une à la Charguia, près de Tunis, l’autre, depuis 2006, à Zaghouan (câblage pour l’aéronautique). Il compte parmi ses clients Airbus Industries et ATR. Dès 2002, les dirigeants d’Airbus avaient promis aux responsables tunisiens de favoriser la sous-traitance en Tunisie de composants destinés à ses appareils. Le plan « Power 8 » est peut-être l’occasion de tenir cet engagement.

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