Sarko et les intellos

Publié le 5 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Des intellectuels derrière Nicolas Sarkozy ? Même s’ils ne sont qu’une poignée, c’est désormais une réalité. Le dernier ralliement en date est celui d’André Glucksmann, qui, dans une tribune publiée par Le Monde du 30 janvier, explique son soutien au candidat de l’UMP essentiellement par des considérations de politique étrangère. Pour l’ex- « nouveau philosophe », qui scrute depuis plus de trente ans les origines du totalitarisme, le verdict est sans appel : repliée sur l’Hexagone, la gauche française a renoncé au combat d’idées et à la solidarité internationale.
Parmi les autres convertis au sarkozysme : l’essayiste Pascal Bruckner, le romancier Marc Weitzmann et l’historien et romancier Max Gallo, un ancien ami de Jean-Pierre Chevènement qui, depuis son passage dans un gouvernement socialiste (en 1983-1984), dérive insensiblement de la gauche de la gauche à la droite de la droite.
La caution de ces figures intellectuelles arrive à point nommé après le fâcheux épisode des artistes. Entre un Johnny Hallyday qui s’exile en Suisse pour échapper au fisc, un Doc Gynéco empêtré dans plusieurs affaires judiciaires et un Pascal Sevran accusé d’écrits et de propos racistes, les mésaventures des amis du ministre de l’Intérieur ont suscité railleries et sarcasmes.
Si Sarkozy est en mesure de séduire tel ou tel au cours d’un dîner ou d’un petit déjeuner en tête à tête, il bénéficie surtout d’une évolution qui dépasse largement sa personne. Le temps des Sartre, des Camus et même des Deleuze, Foucault et autres Derrida est révolu. Revendiquant autrefois haut et fort son ancrage à gauche, l’intelligentsia française est devenue aphone.
Reste que, le moment venu, la majorité des universitaires, écrivains et artistes qui choisiront de s’exprimer se prononceront à n’en pas douter en faveur de la candidate socialiste. Celle-ci n’a certes pas l’aura dont pouvait bénéficier François Mitterrand auprès des intellectuels. Mais son adversaire de droite, outre le fait que ses déclarations sur l’immigration et les jeunes des banlieues en ont choqué plus d’un, ne passe pas pour un amoureux des lettres. Ses détracteurs ont beau jeu de rappeler l’épisode de février 2006. Devant ses supporteurs réunis à Lyon, le ministre de l’Intérieur avait ironisé sur le concours d’attaché d’administration : « Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme La Princesse de Clèves » Or ce roman de Mme de La Fayette publié en 1678 est considéré comme l’un des textes fondateurs de la littérature moderne. En France, on ne touche pas impunément aux grands auteurs, qui, un peu comme le vin et le fromage, sont un sujet de fierté nationale !

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