3 questions à Ismaïl Omar Guelleh

Publié le 5 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Seul pays de l’Igad (l’Autorité intergouvernementale de développement, une organisation qui regroupe sept États d’Afrique de l’Est) à s’être opposé, depuis l’origine, à l’envoi de troupes de pays limitrophes en Somalie, Djibouti a dénoncé l’intervention éthiopienne en Somalie, à cause des risques qu’elle comportait pour la stabilité régionale. Son président s’en explique.

Jeune Afrique : Djibouti a multiplié les mises en garde, et annoncé par avance qu’il désapprouvait toute intervention unilatérale en Somalie. Ce qui s’est passé fin décembre avec l’entrée des troupes éthiopiennes à Mogadiscio aura-t-il un impact sur vos relations avec Addis-Abeba ?
Ismaïl Omar Guelleh : Nous espérons que non. Nos deux pays sont interdépendants, amis, et entretiennent d’excellentes relations, à tous les niveaux. Mais cela ne veut pas dire que, sur une question précise, nous ne puissions avoir une approche différente de celle des Éthiopiens. Nous voulions éviter une escalade. Nous avons toujours plaidé pour une force africaine en Somalie. Elle est sur le point de voir le jour, et elle devrait prendre le relais des troupes d’Addis-Abeba. Nous sommes sur la même longueur d’onde que le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré : le déploiement de la force de l’UA doit s’accompagner d’un processus de réconciliation nationale. Car dans le cas contraire, le risque est grand que les soldats africains ne soient pris pour cible par des extrémistes. Le président somalien de transition s’est engagé à uvrer pour la réconciliation, et a pris l’engagement d’initier un dialogue politique inclusif. C’est un motif de satisfaction.
Djibouti a tenté, pendant des années, de mobiliser la communauté internationale pour qu’elle vienne en aide au gouvernement somalien de transition. Maintenant que la situation a radicalement changé, ledit gouvernement ne semble pas vous témoigner beaucoup de reconnaissance
Nous avons simplement fait ce que nous estimions être notre devoir. Notre préoccupation était et reste le peuple somalien frère. Nous avons appuyé son gouvernement, et continuons à le faire, mais en gardant notre liberté de parole et d’appréciation. Nous sommes à l’écoute de tous les Somaliens. Cela peut parfois irriter, mais ce n’est pas notre problème
Avez-vous des convergences de vues avec les Américains sur la question somalienne ?
Oui. Les Américains sont favorables à un élargissement de la base politique du gouvernement somalien, et à l’inclusion en son sein d’un certain nombre de personnes, y compris les islamistes modérés. Nous, sans nommer personne, nous pensons que toutes les branches de la société qui ne sont pas représentées dans ce gouvernement et qui sont prêtes à apporter leur concours sont les bienvenues.

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