Adama Toungara : « La demande en électricité de la Côte d’Ivoire ne cesse de croître. À nous de l’anticiper »

En tête des priorités de Adama Toungara, le ministre ivoirien du Pétrole et de l’Énergie, le développement des centrales thermiques et la recherche en hydrocarbures.

Adama Toungara est ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie de Côte d’Ivoire depuis 2012. © Camille Millerand

Adama Toungara est ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie de Côte d’Ivoire depuis 2012. © Camille Millerand

Publié le 14 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Sinistré par dix années de crise politique, le secteur des hydrocarbures et de l’énergie retrouve peu à peu son dynamisme. Adama Toungara, le ministre du Pétrole et de l’Énergie, revient sur les nombreux dossiers qui font de ce secteur l’un des piliers du développement économique ivoirien.

Propos recueillis à Abidjan par Salif D. Cheickna

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Jeune Afrique : La Côte d’Ivoire a connu de fréquents délestages électriques. Pourquoi une telle situation ? Va-t-elle s’améliorer ?

Adama Toungara : La Côte d’Ivoire a connu un délestage sévère en 2010 parce que tous les segments de son système électrique – la production, le transport et la distribution – avaient atteint la limite de leur capacité, faute d’investissements. L’équilibre entre l’offre et la demande reste très précaire, et le risque de délestage en cas d’avarie d’une unité de production est quasiment permanent. Ces deux dernières années, la demande a encore augmenté de 25 %. Il est donc urgent d’engager les actions qui nous permettront de doubler notre puissance installée d’ici à 2020 pour la porter à 3 500 MW.

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Tributaire du thermique à 65 % pour produire son électricité, le pays dispose-t-il de ressources en gaz suffisantes pour satisfaire ses besoins ?

Difficilement, vu l’état actuel des réserves de gaz naturel récupérable. C’est pourquoi nous encourageons la recherche pétrolière ainsi que la mise en exploitation des gisements marginaux. Afin de sécuriser nos approvisionnements gaziers, nous avons également diversifié nos sources en optant par exemple pour le GNL [gaz naturel liquéfié].

Une offre énergétique insuffisante ne va-t-elle pas freiner la relance économique ?

Nous sommes bien conscients que sans énergie il n’y a pas de développement. Une énergie abondante et régulière, de bonne qualité et bon marché, est nécessaire à la réalisation de nombreux investissements productifs, eux-mêmes favorables à la création de richesse et d’emplois. Si nous souhaitons devenir un pays émergent en 2020, il faut lancer des plans d’action efficaces pour assurer la diversification de nos sources d’approvisionnement et le développement de nos champs pétrolifères à l’horizon 2016. Depuis décembre 2011, nous avons signé 19 contrats de partage de production, et nos opérateurs ont foré 17 puits. Les levés sismiques 3D ont été réalisés, et les tout premiers forages d’exploration auront lieu courant 2014. Nous lancerons également cette année la promotion des blocs de notre offshore très profond.

Quel rôle le secteur privé joue-t-il dans l’effervescence qui règne dans la filière ?

Nous sommes en effet sollicités par les investisseurs du monde entier, qui font à nouveau confiance à notre pays et à ses dirigeants. Cette tendance nous permettra de rattraper le retard pris dans la réalisation des investissements et surtout d’anticiper les futurs besoins du secteur de l’électricité.

Le gouvernement a signé de très nombreuses conventions avec des opérateurs privés ces trois dernières années, sous forme de contrats BOO [Build, Own, Operate] ou BOOT [Build, Own, Operate, Transfer].

Pour être un pays émergent en 2020, il faut assurer la diversification de nos sources d’approvisionnement

Des protocoles d’accord ont été établis pour l’extension des centrales thermiques de Ciprel, Azito et Aggreko, pour la réalisation de la nouvelle centrale thermique de Songon, et pour la mise en concession du projet hydroélectrique de Soubré. Des négociations sont en cours pour l’aménagement d’autres sites de production à travers le pays.

Et en matière d’accès à l’électricité, que compte faire le gouvernement ?

Le ministère s’est fixé pour objectif de faire de la Côte d’Ivoire l’une des premières plateformes énergétiques d’Afrique subsaharienne. Nous allons poursuivre la mise en œuvre du plan 2012-2030, qui évalue les investissements à réaliser dans le secteur de l’électricité à 9 474,7 milliards de F CFA [14,4 milliards d’euros]. L’électrification des localités d’au moins 500 habitants doit être réalisée au plus tard en 2015. Un tiers d’entre elles seulement était connecté au réseau fin 2012.

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