Nairobi : la plus occidentale des métropoles africaines

Publié le 5 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Un talus planté d’acacias et de jacarandas, de grands arbres aux fleurs mauves qui colorent aussi le sud de la Californie, séparent une longue route bitumée. Il est environ midi, il fait chaud, l’atmosphère est humide et les flaques de boue sur le bas-côté témoignent d’une pluie récente. Au loin, des cimes de buildings émergent d’un nuage de gaz d’échappement. Pour le visiteur habitué à l’ouest du continent, Nairobi, 5 millions d’habitants, élancée et imposante, a davantage la silhouette d’une métropole occidentale que d’une capitale africaine.
Des usines de tabac, de savon, de pneus se succèdent le long de la route qui relie la ville à l’aéroport. C’est une zone franche que sillonnent des camions poussiéreux chargés de marchandises réceptionnées au port de Mombasa, à 500 kilomètres au sud.
Les véhicules avancent au pas vers l’Ouganda, le Soudan ou la Tanzanie. À toute heure du jour et parfois même la nuit, les embouteillages congestionnent Nairobi. Visiblement excédés, certains chauffeurs jouent du klaxon. Pendant ce temps, les passagers des matatu ne peuvent que prendre leur mal en patience. Entassés dans ces minibus qui tiennent lieu de transports en commun, et dont il est bien spécifié sur la carrosserie que le nombre de places est limité, ils rêvent, le regard au loin, devisent avec leurs voisins, regardent par la fenêtre coulissante les grandes affiches de publicité qui leur promettent un prêt immobilier, des dents blanches ou un 4×4.

Légèrement en contrebas d’une de ces larges bretelles qui entourent la capitale de l’Afrique de l’Est, les 800 000 habitants de Kibera, le plus grand bidonville du continent, un entassement de tôles à perte de vue, rêvent peut-être aussi d’entrer dans la valse sans fin de la consommation. Certains d’entre eux ont déjà franchi le pas en devenant propriétaires d’un téléphone portable, peut-être incités par les opérateurs qui se livrent une guerre sans merci à coups d’affiches placardées partout dans la ville. Depuis 2005, Kibera peut se targuer d’avoir tenu lieu de décor à The Constant Gardener, un film américain inspiré d’un roman de John Le Carré, sur l’industrie pharmaceutique et les tests de médicaments.

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Mais les immenses espaces verts – le jardin Uhuru en plein centre -, le passage brutal de la ville à la campagne, les troupeaux de bovins à la lisière des zones d’habitation rappellent que Nairobi est encore jeune. Avant que les Britanniques ne viennent s’installer au bord de la rivière du même nom, à la fin du XIXe siècle, seuls les Massaïs (éleveurs) et les Kikuyus (cultivateurs) vivaient là. La plaine était pratiquement vierge. La construction de la ligne de chemin de fer Mombasa-Kampala (capitale de l’Ouganda) lancera le développement de la cité. Nairobi est un lieu pratique où l’on peut charger et décharger les wagons, à mi-chemin entre les deux extrémités de l’Uganda Railway. Un rôle de hub que, cent ans plus tard, la capitale kényane n’a pas perdu.
En novembre 2006, elle accueillait une conférence de l’ONU sur le climat. Les 14 et 15 décembre, c’était le deuxième sommet de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs. La métropole semble avoir gagné le duel contre Addis-Abeba (Éthiopie), où siège l’Union africaine, pour le leadership sur l’Afrique de l’Est.

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