L’État paie les dettes de Kagnassi
Le gouvernement ivoirien va rembourser aux paysans producteurs de coton 10,66 milliards de F CFA (16,25 millions d’euros) d’impayés, a annoncé le 31 janvier le ministère de l’Agriculture. Ces remboursements concernent les récoltes de la campagne 2002-2003 livrées à La Compagnie cotonnière ivoirienne (LCCI), une filiale du groupe L’Aiglon fondé par le milliardaire malien Cheikna Kagnassi. En 1998, lors de la privatisation de la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT), la LCCI a repris une partie de ses activités dans le nord-est du pays. Très vite, hélas, les pertes se sont accumulées. Les planteurs et les employés de LCCI accusent le propriétaire d’avoir provoqué la faillite de la société et évaluent le montant des dettes de cette dernière à 80 milliards de F CFA (123 millions d’euros). Soit : « 15 milliards aux fournisseurs d’intrants, 15 milliards aux paysans, 5 milliards au personnel et à l’État et 45 milliards aux banques et à d’autres fournisseurs. »
LCCI, qui contrôle environ 40 % du territoire cotonnier ivoirien, pâtit en outre de la désaffection des planteurs, qui manquent de fonds pour acheter des semences et s’orientent vers d’autres cultures. Résultat, la production s’effondre : 360 000 t récoltées lors de la campagne 2002-2003, 267 000 t en 2005-2006 et sans doute sensiblement moins en 2006-2007.
La partition du pays, en septembre 2002, n’est pas seule responsable de la déconfiture de LCCI. Sa concurrente Ivoire Coton, filiale du groupe IPS-Aga Khan, est en effet parvenue, au moins jusqu’à présent, à se maintenir à flots dans le Nord-Ouest, malgré la chute brutale des cours, l’accumulation des dettes et la baisse des rendements. On estime que la crise est à l’origine de l’exportation illégale vers les pays voisins d’au moins 50 000 t de fibres par an. L’outil industriel, dont la capacité de transformation avoisine 500 000 t, n’a pourtant pas souffert de la crise.
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