Le compte est bon

Pour le président de la Banque africaine de développement, les objectifs 2006 ont été atteints. Revue de détail.

Publié le 5 février 2007 Lecture : 4 minutes.

A entendre Donald Kaberuka, président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), dresser son premier bilan d’activités depuis sa prise de fonctions il y a seize mois, les objectifs pour l’année 2006 de la première institution de financement du développement en Afrique ont été atteints. « Les opérations du Groupe de la Banque, a-t-il souligné le 18 janvier devant les ambassadeurs des 77 pays membres, ont enregistré des niveaux records en termes de prêts, de dons et d’allègement de dette. »
Les approbations de prêts ont en effet totalisé 3,4 milliards de dollars, soit une progression de 32 % par rapport à 2005, dont l’essentiel est allé aux pays africains pauvres, dits pays à faible revenu, qui ont obtenu des prêts à des taux concessionnels totalisants 2 milliards de dollars. Le restant constitue la part des pays « à revenu intermédiaire », qui ont emprunté au total 1,4 milliard de dollars à des taux non concessionnels (proches des conditions du marché). N’étant pas éligibles aux prêts concessionnels en raison de leur niveau de développement, les clients de ce dernier guichet sont essentiellement les pays d’Afrique du Nord. L’Égypte a ainsi emprunté 500 millions de dollars en 2006 (l’opération la plus importante dans l’histoire de la BAD) pour le financement de son programme de restructuration du secteur financier. La même année, la BAD est devenue le principal partenaire du Maroc et l’un des principaux partenaires de la Tunisie, où la Banque a son siège provisoire depuis 2003, et de l’Algérie.
Les décaissements dans les opérations de la BAD ont néanmoins baissé en 2006, à 1,845 milliard de dollars, contre 1,924 milliard en 2005. Les opérations d’allègement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE) ont également chuté, passant de 961 millions de dollars en 2005 à 487 millions en 2006. En revanche, en avril 2006, le conseil d’administration de la BAD a approuvé l’annulation de la dette de trente-trois pays au titre de l’initiative de l’allègement de la dette multilatérale (ADM) pour un montant total de 8,54 milliards de dollars, conformément à la décision du G8. Les pays africains bénéficiaires peuvent ainsi accroître leurs dépenses visant à faire reculer la pauvreté et à promouvoir la croissance économique. Par ailleurs, le mécanisme en place depuis 2003 pour éponger les arriérés des pays sortant d’un conflit a concerné la RD Congo, le Congo, le Burundi et la République centrafricaine.
Kaberuka, qui a hérité en 2005 d’une situation financière solide, a annoncé que les résultats financiers de la Banque « se sont améliorés et renforcés » en 2006. Sauf le revenu net. « Me fondant sur les résultats provisoires non audités, a-t-il indiqué, je m’attends à ce que le Groupe de la Banque enregistre un revenu net confortable, d’environ 255 millions de dollars. » Celui de 2005 avait atteint un pic de l’ordre de 360 millions de dollars.
La BAD, a précisé Kaberuka, a réussi, en 2006, le lancement d’une cinquième émission obligataire « multimarchés » de l’ordre de 500 millions de dollars. Cette émission a été servie par l’excellente réputation dont bénéficie la BAD depuis 2004 sur les marchés internationaux, comme le confirment les appréciations des grandes agences de notation (rating). Standard & Poor’s a maintenu sa note AAA pour la dette prioritaire de la BAD et AA+ pour la dette subordonnée. Fitch, Japan Credit Rating et Moody’s ont leur AAA. « La situation financière de la Banque à moyen terme reste tout à fait solide, tout comme sa capacité à supporter des risques », souligne Kaberuka.
À la lumière de son premier bilan annuel, Kaberuka a réaffirmé que l’objectif premier du Groupe de la BAD « demeure, plus que jamais, l’accélération de la croissance économique et la poursuite de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement [OMD] », et ce, a-t-il néanmoins ajouté, en tenant compte des priorités de chaque nation et de l’appropriation des projets par les pays bénéficiaires. « S’il est vrai que nous continuons d’apporter un appui à tous les secteurs, nous percevons la nécessité – et nos actionnaires nous le demandent – d’être sélectifs, de faire en sorte que notre concours vienne en complément à ceux d’autres partenaires et de résister à la tentation de vouloir tout faire. »
Kaberuka a regretté que la pénurie d’énergie et le mauvais état des routes « compromettent de plus en plus la croissance économique et menacent de battre en brèche les réalisations des dernières années » et craint que le faible accès à l’eau potable et à l’assainissement ne rende difficile la réalisation des OMD. C’est pourquoi la BAD « a tenté timidement d’être plus sélective et de mettre davantage l’accent sur l’eau, l’infrastructure, l’énergie et les transports, qui représentent désormais plus de 40 % des opérations du Fonds africain de développement (FAD, guichet concessionnel). En 2005 et 2006, les approbations accordées pour les projets relatifs à l’eau ont totalisé 624 millions de dollars. Autre résultat encourageant : le début de la concrétisation de la coopération et de l’intégration régionales dans le cadre du programme du Nepad (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique). C’est ainsi que le volume des opérations multilatérales en 2006 s’est établi à 541 millions de dollars, contre 629 millions de dollars durant les quatre années de la période de démarrage 2002-2005.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires