IBK contre ATT
L’ancien Premier ministre se lancera à l’assaut de la présidence.
A trois mois, jour pour jour, du premier tour de l’élection présidentielle prévue le 29 avril 2007, Ibrahim Boubacar Keita (IBK, comme le nomment partisans et adversaires) a été officiellement intronisé candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM), la formation politique qu’il a créée en 2001. L’investiture de l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré s’est déroulée devant les représentants des 26 partis politiques du pays réunis, le 28 janvier, au Centre international des conférences de Bamako à l’occasion du deuxième congrès du RPM.
L’officialisation de cette candidature n’est pas une surprise puisque IBK avait fait part de ses intentions dès septembre 2005. L’annonce avait alors provoqué l’éclatement du consensus national prôné par le président Amadou Toumani Touré, qui, depuis son retour aux affaires en juin 2002, avait fédéré l’ensemble de la classe politique derrière son programme et ses actions.
Dirigeant de la deuxième force politique du Mali (le RPM compte 44 députés dans une Assemblée de 147 sièges), IBK se présente comme le rival le plus sérieux du président ATT. Bien que ce dernier n’ait toujours pas annoncé sa décision de briguer un deuxième mandat, 14 partis politiques l’ont déjà assuré de leur soutien électoral. Pour IBK, la partie est donc loin d’être gagnée, mais l’ancien Premier ministre mise sur un vote-sanction pour contraindre son adversaire à un deuxième tour qui ne jouerait pas forcément en sa faveur. Pour ce faire, IBK compte mobiliser les troupes de son parti, mais pas seulement.
Le chef de file du RPM souhaite susciter le plus grand nombre possible de candidatures. En mettant ses députés à la disposition de petits candidats (la Constitution malienne impose le parrainage de dix élus nationaux ou celui de cinq élus locaux par région), il espère une dispersion des suffrages et empêcher ainsi le président sortant de l’emporter dès le premier tour.
Le RPM faisant toujours partie du gouvernement, il sera difficile à son dirigeant de s’attaquer au bilan, de surcroît positif, du président sortant. IBK devrait davantage s’en prendre au consensus national qui a, selon lui, conduit à « la marginalisation des partis politiques, éléments essentiels de la démocratie ».
Par ailleurs, le candidat fraîchement investi s’est attaché à redéfinir son opposition à l’accord d’Alger qui mettait fin, le 4 juillet 2006, au conflit opposant la rébellion du Nord au gouvernement malien. IBK a tenu à préciser que sa position ne signifiait en rien qu’il était hostile à la paix ou favorable à une solution militaire et répressive du conflit. Et ceux qu’il appelait hier encore « les mercenaires » sont aujourd’hui « nos frères du Nord ». Ce qu’il présentait auparavant comme une capitulation de la République face à une insurrection armée est-il devenu plus acceptable à ses yeux ? La campagne électorale nous le dira.
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