Tout le monde veut y croire !

Pendant près d’un an, ils ont soufflé le chaud et le froid. Pour la premièrefois, les acteurs du conflit semblent décidés à jouer le jeu de la réconciliation.

Publié le 5 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

L’année 2004 commence plutôt bien pour la Côte d’Ivoire et, au-delà, pour l’ensemble de la sous-région : les ministres issus des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) viennent de décider de reprendre leur place dans le gouvernement de réconciliation nationale, trois mois après l’avoir quitté, le 23 septembre 2003. Un beau cadeau de nouvel an que le président Laurent Gbagbo avait lui-même annoncé à ses compatriotes (J.A.I. n° 2241-2242), avant de le répéter à ses pairs réunis au sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le 19 décembre à Accra (voir page 70). Et, comme pour se donner quelque chance de convaincre de sa volonté de proclamer « la fin de la guerre » avant le 31 décembre, le chef de l’État avait, pour la première fois depuis près d’un an, indiqué qu’il appliquerait la totalité des accords de Marcoussis, feuille de route du Premier ministre de « consensus » Seydou Elimane Diarra.
Sauf à vouloir se marginaliser, les ex-rebelles, soumis de longues semaines durant à de fortes pressions internationales, ne pouvaient continuer à boycotter le Conseil des ministres. Le secrétaire général adjoint des FN, Louis Dacoury-Tabley, l’avait compris, qui déclarait le 10 décembre : « Le président Gbagbo dit qu’il va appliquer tous les accords de Marcoussis. Il dit également au président Bongo Ondimba qu’il va signer le transfert de pouvoirs au Premier ministre prévu par lesdits accords. S’il dit tout cela, nous disons que nous reviendrons au gouvernement. »
C’est chose faite. Mais tout n’est pas pour autant résolu. La discussion à l’Assemblée nationale des principales réformes (code de la nationalité, foncier rural, conditions d’éligibilité…) promet de belles empoignades entre le Front populaire ivoirien (FPI de Gbagbo) et les formations politiques signataires de Marcourssis qui siègent dans l’Hémicycle. Les FN, malgré les rustines, ont du mal à taire leurs dissensions entre branche politique et aile militaire, entre Guillaume Soro (leur chef de file) et les partisans du sergent-chef Ibrahim Coulibaly (dit « IB »), qui contestent son leadership. Au milieu de la scène : Gbagbo. Celui-ci a jusqu’à présent contraint toutes les parties à de permanentes « corrections de trajectoire ». Qu’il se soit agi des forces armées des deux camps, des soldats français de l’opération Licorne, du Comité international de suivi, de la France, de ses pairs de la Cedeao, des « jeunes patriotes » ou des plus durs de ses propres camarades politiques…
Les uns et les autres vont-ils mettre définitivement un terme à cette partie de poker menteur? Une seule certitude : la situation est tellement volatile que le rapport sombre de l’International Crisis Group (ICG) commenté ci-après doit être considéré avant tout comme une photographie prise à un instant T. Elle n’en est pas moins suffisamment alarmante pour que les principaux acteurs de la crise ivoirienne comprennent l’effort qu’il leur reste à fournir pour rendre nombre de leurs compatriotes et de leurs voisins moins pessimistes.

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