Quand l’argent tombe du ciel
Les droits de retransmission radiotélévisée des matchs de la Coupe d’Afrique des nations et de la Ligue des champions sont aujourd’hui la principale source de revenus de la Confédération africaine.
La Coupe d’Afrique des nations (CAN), dont la 24e édition s’ouvrira le 24 janvier à Tunis, a bien changé. Du moins sur le plan économique. Depuis treize ans, les contrats de sponsoring et la commercialisation des droits télévisés ont en effet connu une progression fulgurante. La télévision est aujourd’hui la principale source de revenus de la Confédération africaine de football (CAF), propriétaire de l’événement. En 2001, celle-ci a cédé les droits de retransmission radiotélévisée des phases finales de la CAN et de la Ligue des champions d’Afrique (jusqu’en 2008) à la société Sport Five, née de la fusion de Sport + (filiale de Canal +), de UFA Sports (filiale de RTL) et du Groupe Jean-Claude Darmon.
L’année suivante, Sport Five a rétrocédé ses droits à la société sud-africaine TV Africa (pour l’Afrique subsaharienne, excepté l’Afrique du Sud), à la chaîne à péage ART du milliardaire saoudien Cheikh Salah (pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient), à l’opérateur privé M-NET (pour l’Afrique du Sud) et, pour l’Europe, à la BBC et à Eurosport (câble et satellite). Les matchs de la CAN 2002 ont été regardés par plus de 1,2 milliard de téléspectateurs. La durée totale des retransmissions a dépassé 7 900 heures, dont environ 1 100 en Afrique francophone, 240 en Afrique du Nord, et 3 500 en Europe.
Société sud-africaine financée par des fonds de placement américains, TV Africa, qui avait pris la succession de la française CFI, avait, en 2002, assuré gratuitement les reportages en contrepartie de la diffusion de spots publicitaires. Mais elle a été contrainte de déposer son bilan en septembre dernier. Un nouvel appel d’offres ayant été rapidement lancé, c’est la chaîne privée béninoise LC2 (La Cellule 2), qui, associée à la société Arcane (télécommunications), a, le 22 octobre, décroché le jackpot. Le contrat concerne les éditions 2004, 2006 et 2008 de la CAN, ainsi que celles de la Ligue des champions pour la même période. Montant de la transaction : 8,5 millions d’euros (chiffre non confirmé par les deux parties).
LC2, qui émet en continu depuis 1997, est dirigée par l’homme d’affaires Christian Enock Lagnidé (40 ans). Ancien footballeur amateur, éphémère ministre des Sports du Bénin et ancien conseiller spécial du président Kérékou, cet opérateur ambitieux s’est lancé dans la communication et la production d’émissions de télévision. LC2 s’est engagée à fournir des images à quarante-quatre pays subsahariens. La société revendra ses droits, sous forme de contrats de sous-licence, à chacune des télévisions nationales, en prélevant au passage une commission.
Pour la retransmission des trente-deux matchs de la CAN 2004, les tarifs seront établis en fonction du « poids » du client et du volume des annonces publicitaires. LC2 s’engage à offrir une couverture très professionnelle, avec des images de standing international. Elle a conclu des accords de partenariat avec la société Sagem et l’Office des postes et télécommunications du Bénin (OPT). Pour la diffusion et le transport des images, c’est CFI, dont le système est jugé « fiable », qui a été choisi. La télévision publique béninoise a été la première à passer à la caisse en déboursant 323 millions de F CFA (493 000 euros). La télévision nationale du Nigeria (NTA), lui a emboîté le pas, via un intermédiaire (1 million de dollars). Invoquant une clause de confidentialité, Lagnidé se montre fort discret tant sur le montant des transactions que sur le montage financier qui lui a permis d’enlever le contrat : « Les banquiers ont suivi. Les comptes seront publiés après chaque édition de la CAN », se borne-t-il à indiquer.
Sport Five a également obtenu les droits de publicité pour Tunisie 2004. Le 20 septembre à Tunis, Nokia, la firme finlandaise de téléphonie mobile, a par ailleurs acquis auprès de la CAF le droit d’être le « sponsor-titre » de la 24e édition, qui, officiellement, s’appelle donc Nokia African Cup of Nations in Tunisia 2004 (CAN Nokia Tunisie 2004). Les autres annonceurs sont les sociétés Toyota, Pepsi-Cola, le fabricant de lessive Henkel, la banque Western Union, les Fromageries Bel, ainsi que plusieurs pays candidats à l’organisation du Mondial 2010. Le Comité d’organisation local (COCAN Tunisie 2004) a ses propres fournisseurs. Il disposera dans chaque stade de huit panneaux placés dans le prolongement des lignes de but. La CAF lui rétrocédera 20 % des recettes de télévision et de publicité.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?