Pourquoi une telle hécatombe ?

Publié le 5 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Le 26 décembre, peu avant l’aube, les habitants de la ville de Bam ont été surpris dans leur sommeil par un tremblement de terre d’une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter. En quelques minutes, cette ancienne cité située à 1 000 kilomètres au sud-est de Téhéran s’est effondrée comme un château de cartes. La plupart de ses 100 000 habitants n’ont pu quitter leurs habitations à temps. Les structures en pisé de celles-ci ne leur ont laissé aucune chance. Bilan officiel : plus de 40 000 morts et 15 000 blessés. C’est le séisme le plus meurtrier depuis celui de Tangshan, en Chine, en 1976, qui avait fait 250 000 morts, selon Pékin.

Devant l’ampleur du drame, la République islamique d’Iran a lancé un appel à l’aide internationale. Des équipes de secours ont afflué du monde entier. En quatre jours, plus de 120 avions en provenance de plus de 40 pays ont atterri dans les aéroports nationaux, chargés de sauveteurs, de provisions et d’équipements. Les secours ont cependant mis du temps pour s’organiser car l’afflux de personnes venues rechercher des membres de leur famille a bloqué la circulation sur les grands axes routiers. Des bagarres ont éclaté lors de la distribution de vivres et les magasins épargnés par le séisme ont été pillés. Pour ramener le calme et permettre aux secouristes d’effectuer leur travail, les autorités ont dû déployer des centaines de soldats, gardiens de la Révolution et basiji (miliciens).

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Le 1er janvier, alors qu’il n’y avait plus d’espoir de retrouver des rescapés, un homme de 27 ans a été retrouvé vivant, coincé sous une penderie à côté de six cadavres. Le même jour, une fillette de 9 ans et une femme enceinte ont également été extraites vivantes des décombres. Les jours précédents, quelque 160 « miraculés » avaient été déterrés, notamment un nourrisson de 4 mois et une fillette de 12 ans. Certains ont succombé à leurs blessures, d’autres sont encore dans un état critique.
La majorité des 40 000 survivants ont quitté la ville. Ceux restés sur place ont été entassés à six ou sept dans des tentes dressées au milieu des ruines. Les autorités ont du mal à les regrouper pour faciliter le contrôle sanitaire et la distribution de nourriture, de vêtements, de couvertures et de médicaments. Les conditions de vie sont rendues encore plus pénibles par le vent et le froid. Mais des générateurs électriques installés dans l’urgence permettent l’éclairage ; six hôpitaux de campagne dispensent des soins aux blessés ; et l’eau potable est distribuée par des camions-citernes.
Pour faire bonne figure, les autorités iraniennes ont annoncé la construction prochaine d’un million de nouveaux logements aux normes antisismiques, l’élaboration d’un plan de défense civile et la création d’une organisation de sauvetage. On peut néanmoins s’étonner que le pays n’ait pas déjà été outillé pour faire face à ce genre de situation. Car l’Iran, qui est traversé par plusieurs failles sismiques, a été touché par de nombreux séismes au cours de son histoire.
Les organisations humanitaires et les gouvernements étrangers, y compris les plus hostiles au régime des mollahs, ont promis une aide totale de 500 millions de dollars. Les États-Unis, qui ont rompu toute relation avec Téhéran en 1979, ont dépêché une équipe de 84 personnes et plusieurs avions chargés d’aides diverses. « Je ne crois pas que cet épisode modifiera nos relations avec les États-Unis », a cependant déclaré le président Mohamed Khatami, qui a catégoriquement rejeté toute reprise du dialogue sans « changement profond » de l’attitude hostile des Américains. L’ancien président Akbar Hachemi Rafsandjani, « numéro un bis » du régime, a pourtant laissé entendre que le drame de Bam pourrait avoir un impact (positif) sur les relations américanoiraniennes.

Israël, qui considère officiellement l’Iran comme son ennemi le plus redoutable, a adressé ses condoléances au peuple iranien avec lequel il a dit « n’avoir aucun conflit ». Les mises en garde et les menaces de frappes préventives adressées par Tel-Aviv à Téhéran ont-elles été oubliées ? Réponse du porte-parole du ministère iranien de l’Intérieur Jahanbakhsh Khanjani : « L’Iran accepte l’aide humanitaire de tous les pays et organisations internationales à l’exception du régime sioniste. »
L’Iran, qui n’affectionne pas la « diplomatie de catastrophe », n’est donc pas près d’emboîter le pas à la Libye.

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