Lueur d’espoir

Le pouvoir central et l’exécutif de Grande Comore ont fini par s’accorder sur un plan de sortie de crise prévoyant l’organisation de législatives en avril 2004.

Publié le 5 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

C’est une petite lueur d’espoir pour les habitants d’un archipel à l’instabilité politique légendaire. À l’issue de négociations au finish parrainées par les pays amis des Comores, les parties insulaires ont fini par s’accorder, le 20 décembre, sur un plan de sortie de crise qui devrait permettre l’organisation d’élections législatives d’ici au mois d’avril 2004, mettant ainsi un terme à la « guéguerre » surréaliste que se livraient le pouvoir central et celui de Grande Comore, l’île la plus peuplée de l’archipel. Il a fallu l’organisation d’un sommet régional, et la venue de Thabo Mbeki, le président sud-africain, de Paul Bérenger, le Premier ministre mauricien, de Jacques Sylla, son homologue malgache, d’Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et de Pierre-André Wiltzer, le ministre français délégué à la Coopération pour que les parties comoriennes trouvent un terrain d’entente.
C’est la tentative de sécession de l’île d’Anjouan, en août 1997, qui a marqué le début de la double crise séparatiste et institutionnelle comorienne. Arrivé au pouvoir après un coup d’État, en avril 1999, le colonel Azali Assoumani a engagé de laborieuses négociations avec les Anjouanais et a réussi à trouver un compromis sauvegardant l’unité du pays en échange d’un surcroît d’autonomie pour chacune des trois îles (Grande Comore, Anjouan et Mohéli). En décembre 2001, une Constitution inspirée des accords de Fomboni du 26 août 2000 a été adoptée par référendum à une très large majorité, et le président Azali a été confirmé par les urnes en avril 2002. Le processus de normalisation s’est enrayé avec l’élection du populiste Abdou Soulé el-Bak à la tête de l’exécutif de l’île de Grande Comore. El-Bak a mis à profit les ambiguïtés de la Constitution pour contester les compétences du niveau central et discuter celles du président de l’Union.
Le bras de fer, qui a surtout porté sur la répartition des maigres recettes financières, a paralysé la transition et rendu impossible la tenue des législatives, prévues pour octobre 2002 et reportées sine die. Conséquences : outre une tension croissante, qui n’a heureusement pas débouché sur des affrontements armés, le programme d’assistance financière concocté par les bailleurs de fonds n’a pu être finalisé. S’il trouve un prolongement sur le terrain, l’accord du 20 décembre 2003 devrait accélérer la normalisation des relations entre l’Union des Comores et ses partenaires internationaux.
Mobilisée au chevet des Comores depuis plusieurs années, et confrontée aux atermoiements des différentes parties, la communauté internationale a commencé à exprimer sa lassitude. Médiateur mandaté par l’Union africaine, le président Mbeki a cependant réussi à trouver un accord à Pretoria, le 16 août 2003, sur « la distribution des revenus douaniers, les arrangements de sécurité, et les budgets 2003 et 2004 ». Restait à conclure sur le délicat dossier des législatives. Mbeki, pressé d’engranger un succès diplomatique et de conférer une visibilité maximale à l’Afrique du Sud et à l’Union africaine dans cette affaire compliquée, a donc provoqué un sommet régional à Moroni pour le 20 décembre, histoire d’acculer gouvernement central et autorités insulaires à un accord définitif.
L’OIF, qui s’était beaucoup impliquée dans la gestion du dossier comorien, au moment où le dialogue était rompu entre l’OUA et Moroni, entre 1999 et 2001, et dont la médiation avait abouti à la signature des accords de réconciliation de Fomboni, se devait de tenir toute sa place dans le règlement définitif de cette affaire. Et la France, très influente dans la région, et qui avait soutenu discrètement mais activement les efforts des diplomates francophones, aussi. Pas question de laisser les Sud-Africains occuper seuls le devant de la scène. Le président français Jacques Chirac a donc pesé auprès de son ami Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, pour qu’il accompagne Pierre-André Wiltzer, le ministre français délégué à la Coopération à Moroni. Les deux hommes ont pris un avion (avec couchette) d’Orly le vendredi 19 au soir, pour rejoindre les autres parrains des négociations. Ils sont repartis dès le lendemain soir, direction Paris.

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