La révolte des étudiants
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Plus de cinquante mille jeunes Africains noirs et blancs poursuivent des études supérieures en Europe. Ils ont, en général, entre 20 et 30 ans. La grande majorité d’entre eux sont en France ; la moitié de ceux qui se trouvent en France sont concentrés à Paris. Presque tous sont des boursiers de leur gouvernement, de gouvernements ou d’organismes étrangers.
Le congrès de la Fédération des étudiants d’Afrique noire (FEANF) qui vient de se terminer à Paris rappelle le très grave problème qui se pose à la jeunesse africaine, l’avenir du continent, et celui qu’elle pose aux gouvernements de l’Afrique indépendante.
Une bonne partie des étudiants africains, les plus actifs d’entre eux et les plus politisés, s’opposent au pouvoir installé dans leur pays avec encore plus de violence et de passion que leurs aînés ne s’opposaient au pouvoir colonial.
C’est que, pour les jeunes Africains, les fruits de l’indépendance n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Non pas pour eux, qui sont des privilégiés et le reconnaissent volontiers, mais pour leurs peuples. Eux, qui se frottent aux idées modernes et vivent dans des sociétés industrielles, voient leurs pays stagner. La démocratie y est bafouée au point qu’aucune des libertés essentielles n’est respectée. Cela, certains d’entre eux
l’accepteraient, si ce devait être le prix du progrès économique et d’une justice sociale draconienne. Mais ils constatent trop souvent qu’une classe a pris la place d’une autre, que le socialisme ne sert de trame qu’aux discours, que les faveurs, le népotisme, dans certains cas la corruption ou la soumission à l’étranger, sont pratiqués plus couramment que l’austérité. Constatant cela, ils se révoltent non sans déchirements, car leurs
cibles d’aujourd’hui sont bien souvent leurs idoles d’hier. Mais ils estiment que la révolte est leur devoir sacré parce qu’ils sont à l’étranger, ils peuvent s’exprimer et dénoncer ; parce qu’ils ont reçu de l’instruction et que leur peuple paie pour cette instruction, ils se doivent de prendre sa défense.
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