RDC : Bientôt (toute) la vérité sur le complot contre Lumumba ?

La justice belge a mené une perquisition au Parlement fédéral et fait mettre sous scellés 200 cartons de documents sur l’assassinat du leader congolais, en 1961.

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Publié le 6 février 2022 Lecture : 2 minutes.

On se prendrait à rêver que les complots politiques finissent tous éventés au tamis de l’Histoire. Surtout ceux qui concernent les icônes panafricaines « immortelles » dans l’esprit des peuples. De même que la patine du temps ne semblait pas devoir épargner les commanditaires de l’assassinat du Burkinabè Thomas Sankara (le coup d’État militaire perpétré à Ouaga changera-t-il la donne ?), les circonstances de l’élimination du Congolais Patrice Lumumba pourraient s’éclaircir davantage.

Élimination politique et physique

Le 17 janvier 1961, dans le sud-est du Congo, l’ancien Premier ministre est assassiné. Il a 35 ans. Son corps est dissous dans l’acide. À la suite d’investigations, des séparatistes katangais sont mis à l’index. S’ensuivent une enquête parlementaire, instruite en Belgique en 2000-2001, et une enquête judiciaire consécutive à la plainte déposée, à Bruxelles en 2011, par le fils aîné de Patrice Lumumba.

Des télex échangés entre Bruxelles et le Congo qualifiaient le nationaliste de « diable » et d’homme à « éliminer »

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Comme lors d’autres recherches sur les sévices subis par des leaders prosoviétiques, un doigt partiellement documenté est pointé en direction de puissances occidentales, et notamment la Belgique. La plainte de la famille Lumumba subodore que « diverses administrations de l’État belge » ont « participé à un vaste complot en vue de l’élimination politique et physique de Patrice Lumumba ».

Si des mercenaires belges ont clairement été impliqués dans la disparition du corps, de hauts responsables de l’État sont également suspectés. Fin 1960, des télex échangés entre Bruxelles et le Congo qualifiaient le nationaliste de « diable » et d’homme à « éliminer ».

« 88 heures de réunions à huis clos »

La « responsabilité morale » de la Belgique a déjà été retenue. Mais c’est pour exploiter de manière plus exhaustive l’enquête parlementaire de 2000-2001 que le Parquet fédéral belge vient de faire mettre sous scellés, au Parlement, 200 cartons de documents qui n’ont jamais été rendus publics. Parmi eux, le contenu de « 88 heures de réunions à huis clos ». Reste à voir si la justice autorisera le versement de ces documents au dossier judiciaire.

Dix personnes avaient été initialement ciblées par la plainte de la famille. Deux sont encore en vie : l’ancien diplomate Étienne Davignon et l’ex-haut fonctionnaire Jacques Brassinne de La Buissière. Ils sont respectivement âgés de 89 et 92 ans.

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Y a-t-il eu complicité entre un État et des mercenaires ? Encore un aspect qui résonne étrangement dans l’Afrique d’aujourd’hui.

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