Business et transparence

Publié le 5 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Parler de l’Angola un an et demi après la fin de la guerre civile, c’est d’abord faire un sinistre inventaire, en forme de comparaison. D’un côté, des millions de déplacés, pauvres parmi les pauvres, continuent de s’entasser dans les musseques, ces bidonvilles où les enfants vivent et meurent dans les immondices. De l’autre, loin de la misère des hommes, des compagnies étrangères forent chaque jour de nouveaux puits, font jaillir des eaux territoriales angolaises toujours plus de pétrole. Un pétrole non seulement abondant mais aussi de bonne qualité. Et c’est tant mieux ! Les Américains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, eux qui achètent désormais plus de brut en provenance de l’offshore angolais que du Koweït.
Il n’y a donc rien d’étonnant à constater que l’Angola de l’après-guerre, où tout est à reconstruire, soit considéré par les guetteurs de la finance internationale comme un pays émergent riche en… business opportunities. Reste à savoir, bien sûr, si l’aide sanitaire, la lutte contre le sida, le déminage des campagnes, la démobilisation et l’insertion des anciens combattants, la fourniture de nourriture et de logement aux personnes déplacées et le soutien aux mutilés constituent de « bonnes opportunités d’affaires ». On peut en douter. C’est pourtant là, évidemment, que se situe l’urgence. Une urgence aujourd’hui encore presque totalement assumée, sur le terrain, par des organisations humanitaires internationales comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

L’État, pourtant, n’est pas inactif. Il dépense même chaque année 2 milliards de dollars pour venir en aide aux déplacés, implanter l’administration dans les anciennes zones de guerre, construire des écoles et des cases de santé, remettre en état les systèmes d’irrigation. Reste qu’avec une dette qui absorbe chaque année un tiers de ses ressources, il est dans l’impossibilité de faire face, à lui seul, à une misère sociale d’une telle ampleur. Gagner rapidement la confiance des institutions internationales est donc devenu son autre priorité. Il est vrai qu’après des années de culture de la prébende, de contrats d’armement opaques et de libre utilisation de l’argent du pétrole, son image n’était pas des plus reluisante.
C’est dans cet esprit qu’a été décidée, en 2002, la création d’un Tribunal des comptes, chargé de lutter contre la corruption en exerçant son contrôle sur les dépenses publiques. Cette décision est intervenue un an seulement après que le Fonds monétaire international a dénoncé la disparition de 1 milliard de dollars des caisses de l’État. Même s’il avait alors démenti fermement cette information, le gouvernement a, semble-t-il, reçu le message. Si on ajoute à ces bonnes résolutions le fait qu’il est désormais plus difficile de faire valoir le secret-défense pour justifier le « secret-dépenses », on peut se prendre à espérer que les richesses nationales seront mieux utilisées dans les années à venir. Les hommes du président José Eduardo Dos Santos ont moins de deux ans pour en faire la démonstration. L’élection présidentielle est prévue pour 2005.

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