Maroc – Tourisme : les professionnels réagissent au plan du gouvernement
Alors que l’incertitude plane toujours quant à une possible réouverture des frontières le 31 janvier, le gouvernement a annoncé un plan de soutien pour dédommager le secteur touristique, très fortement impacté par les mesures drastiques destinées à endiguer la nouvelle vague épidémique.
Comment satisfaire les attentes d’un secteur tellement sinistré qu’il ne réclame rien de moins qu’un « plan Marshall » ? Face aux manifestations et aux nombreux cris d’alarme lancés par les opérateurs du tourisme, le gouvernement s’est résolu à adopter plusieurs mesures d’urgence afin d’éviter l’effondrement total du secteur.
Le plan prévoit le prolongement de l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams (191 euros) au cours du premier trimestre 2022, le report des charges liées à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pendant 6 mois, la mise en place d’un moratoire d’un an sur les échéances bancaires, mais aussi la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle des établissements hôteliers pour l’année 2020-2021.
Cette liste non exhaustive répond à une partie des revendications formulées par les professionnels du secteur, sans pour autant garantir leur entière satisfaction.
La secrétaire générale de la Confédération nationale du tourisme (CNT), Wissal El Gharbaoui, estime qu’il reste encore du chemin à parcourir pour couvrir les principaux problèmes soulevés par la CNT. Elle concède que ces mesures constituent « un effort important » du gouvernement. Elle souhaite à présent en voir l’application dans les meilleurs délais et pour le plus grand nombre d’opérateurs.
Quid de la réouverture des frontières ?
Car pour beaucoup d’entre eux, sans une réouverture des frontières, ces dispositions n’ont qu’un caractère palliatif. C’est en particulier le cas des hôteliers, qui dépendent directement de l’afflux de touristes étrangers, dont le nombre a logiquement chuté à la suite du verrouillage du pays. Au début du mois de janvier, le président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière, Lahcen Zelmat, plaidait avant tout pour la réouverture des frontières.
Aziz Akhannouch a admis que la décision d’ouvrir les frontières ne pourrait être prise qu’au dernier moment
Un gérant d’hôtel en périphérie de Rabat, qui préfère garder l’anonymat, juge ces mesures correctes mais limitées. « Comment voulez-vous qu’un opérateur, qui gagnait 6000 ou 7000 dirhams [573 ou 668 euros, ndlr] par mois, puisse s’en sortir avec 2000 DH par mois, surtout lorsqu’il a une famille à nourrir ? », déplore-t-il.
Pour Wissal El Gharbaoui, le plan de relance ne peut produire son effet qu’à la condition qu’il s’applique dans le cadre de la réouverture des frontières et de la reprise de l’activité du tourisme. « Il y va de la survie des entreprises mais aussi de l’ensemble du secteur et de son écosystème, et c’est pour nous l’urgence absolue », abonde-t-elle.
Réclamée de concert par l’ensemble des opérateurs du tourisme, celle-ci est à ce jour maintenue au 31 janvier. Cependant, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, affirmait que le Maroc suivrait ses indicateurs le moment venu, tout en reconnaissant que le pic de la nouvelle vague liée au variant Omicron était attendu… à la fin du mois de janvier.
Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a d’ailleurs lui aussi admis, le 19 janvier, que cette décision ne pourrait être prise qu’au dernier moment, tout en assurant que la fermeture des frontières s’est révélée « pertinente » et a permis de lutter contre la propagation du nouveau variant.
Les autorités marocaines avaient décidé de fermer le frontière le 29 novembre 2021, initialement pour une durée de deux semaines, avant de repousser l’échéance au 31 janvier.
Accélérer la reprise de l’activité
Sur les perspectives du secteur pour l’année 2022, le ton est plus pessimiste. « Au moment où les marchés internationaux finalisent leurs programmations pour le printemps et l’été, le Maroc ne donne toujours pas de visibilité sur la réouverture des frontières ».
« Nous sommes confiants quant à l’attractivité de la destination Maroc, mais nous devons accélérer la reprise de l’activité pour nous remettre sur le chemin de la relance et espérer une reprise plus visible à partir de 2023 », poursuit la secrétaire générale de la CNT.
Même son de cloche du côté de notre source dans l’hôtellerie, qui regrette que le climat d’incertitude ambiant dissuade les touristes d’effectuer des réservations de peur de voir les frontières fermer à nouveau à la dernière minute. « Il faudra attendre l’été pour commencer à avoir un début de visibilité », conclut la même source.
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