Victoire sur la bactérie qui rend aveugle
Première cause de cécité évitable dans le monde, le trachome a été presque éradiqué au Maroc. En moins de dix ans.
Publié le 4 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.
Maladie de la pauvreté par excellence, le trachome est également la première cause de cécité évitable dans le monde. Cette pathologie touche 150 millions de personnes et menace près de 10 % de la population, essentiellement des ruraux, dans les pays les moins développés. Il y a quinze ans, au Maroc, 1,5 million de personnes vivaient sous la menace de cette forme particulière de cécité. En 1988, le ministère de la Santé a lancé en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’International Trachoma Initiative (ITI) et le laboratoire pharmaceutique Pfizer un vaste programme d’éradication. Huit ans plus tard, l’objectif est presque atteint. L’événement a été officiellement célébré le 17 novembre à Ouarzazate, sous le patronage de Mohammed VI.
Dans les villes, le trachome avait depuis longtemps disparu, mais il restait un enjeu de santé publique majeur – et un frein considérable au développement – dans cinq provinces rurales du Sud-Est : Errachidia, Figuig, Ouarzazate, Tata et Zagora.
Transmise par une bactérie, le Chlamydia trachomatis, cette pathologie est d’autant plus sournoise que ses effets mettent longtemps à apparaître. Un individu est souvent porteur de la bactérie dès l’enfance, mais ce n’est qu’au terme d’infections à répétition qu’il devient aveugle, souvent à l’âge adulte, au moment où il est le plus productif. L’ITI et l’OMS estiment que 2,9 milliards de dollars sont ainsi perdus chaque année en raison de l’inactivité forcée de ces personnes. Et plus encore si l’on prend en compte les enfants contraints de quitter l’école pour s’occuper des malades. Extrêmement contagieux, le trachome se transmet par simple contact avec une personne infectée.
Le traitement est simple : une brève opération permet d’éviter la cécité lorsqu’une opacité de la cornée apparaît. Au Maroc, plus de deux cents personnels ont été formés dans cet objectif et affectés dans des centres de santé primaire. En cas d’infection non invalidante, les soins sont tout aussi aisés : une seule prise de Zithromax®, un antibiotique fourni par Pfizer, suffit à stopper l’évolution du trachome. Mais tout cela doit évidemment s’accompagner d’une modification des comportements en matière d’hygiène et d’une adaptation durable de l’environnement. En se nettoyant régulièrement le visage et les mains à l’eau potable, on rompt le cercle de dissémination de la bactérie. 1 792 puits ont donc été forés et des châteaux d’eau érigés. Depuis cette année, 80 % du territoire concerné est alimenté en eau potable. La totalité le sera l’an prochain. De la même façon, plus de 3 000 groupes de latrines ont été construits et de nombreuses campagnes d’information menées à bien. Des ponts ont été bâtis pour désenclaver les villages et l’électrification de la zone a été achevée.
