Sondage : Maroc, Algérie, Qatar, Arabie saoudite… Ce qu’en pensent les Français

À moins de deux mois de la présidentielle, les Français sont visés par une myriade d’études d’opinion. L’institut Harris Interactive s’est penché sur leur perception de la politique étrangère de la France.

Mohammed VI et Emmanuel Macron, à l’Élysée le 10 avril 2018. © Christophe Ena/AP/SIPA

Publié le 25 janvier 2022 Lecture : 4 minutes.

C’est une tendance qui ne se dément pas : la politique extérieure n’a jamais été un thème central de la campagne présidentielle française. Les sondages la concernant sont donc rares. L’entreprise d’études marketing et de sondages d’opinion Harris Interactive s’est livrée à l’exercice (pour la société de lobbying MGH Partners), avec un sondage mené en ligne du 7 au 9 décembre 2021 et dont les résultats ont été publiés en janvier. L’étude porte sur la perception de la politique étrangère par un échantillon représentatif (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, taille de l’agglomération et région) de 1201 Français majeurs. Et, naturellement s’agissant de diplomatie française, le monde arabe tient une place importante.

Entre la relation toujours compliquée avec l’Algérie, la réduction du nombre de visas délivrés aux ressortissants du Maghreb, la crise au Liban, le chaos libyen, ou encore les partenariats avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, l’agenda diplomatique du président français Emmanuel Macron a été marqué par la région depuis le début de son mandat. Quelle est l’opinion des Français sur la « politique arabe » de la France ?

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Sécurité et business plutôt que droits de l’homme

La politique extérieure étant souvent abordée par les candidats sous l’angle de la sécurité et de l’immigration, ce n’est peut-être pas un hasard si 49 % des personnes interrogées estiment que la principale priorité de la politique étrangère de la France est de « faire face à la menace terroriste ». La défense des droits de l’homme et la lutte contre la pauvreté ne sont des priorités que pour, respectivement, 31 % et 21 % des sondés.

72 % des sondés s’opposent à une intervention militaire française en cas de coup d’État dans un pays démocratique

Quant à la promotion des intérêts économiques de la France, elle se hisse à la deuxième place des priorités des sondés. Les polémiques autour des ventes d’armes françaises à l’Égypte, aux Émirats arabes unis ou à l’Arabie saoudite auraient ainsi, si l’on en croit le sondage, peu de chances de scandaliser l’opinion publique dans son ensemble.

Une majorité de Français semblent adeptes d’une forme de politique incantatoire en matière de respect de la démocratie. 82 % des sondés estiment ainsi que la France doit faire connaître son désaccord quand un pays démocratique connaît un coup d’État, mais ils ne sont plus que 57 % à juger qu’il faut également lui imposer des sanctions économiques. Quant à couper les relations diplomatiques, seuls 40 % des sondés l’envisagent ; 72 % s’opposent à une intervention militaire française dans un tel cas de figure.

Le Maroc tire son épingle du jeu à droite

Plusieurs pays arabes figurent au chapitre des pays considérés comme des alliés ou, à l’inverse, des menaces pour la France. Avec 27 % des sondés qui le considèrent comme un allié, le Maroc arrive en tête des pays arabes en termes d’opinions favorables. Pour ceux qui suivent – Qatar, Émirats arabes unis, Algérie, Arabie saoudite – les opinions défavorables dépassent les avis positifs : 41 % des sondés considèrent ainsi l’Algérie comme une « menace ».

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Dans tous les cas, c’est l’ignorance – ou l’indifférence – des sondés qui semble l’emporter, avec une majorité de réponses « Ni l’un ni l’autre » quand la question « Chacun des pays suivants constitue-t-il un allié ou une menace pour la France ? » porte sur un État arabe.

Parmi les sympathisants d’Éric Zemmour, ce sont les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite qui, parmi les pays arabes, sont le plus perçus comme des alliés

L’étude se penche également sur les tendances politiques des sondés pour mettre en perspective ces résultats. Sans surprise, c’est à gauche que les pays arabes ont la moins mauvaise image. Mais le Maroc tire son épingle du jeu à droite, en faisant un score honorable auprès des sondés sympathisants des Républicains, dont 29 % considèrent le royaume comme un allié.

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Ce sont les sympathisants écologistes qui ont, à cet égard, l’image la plus positive du Maroc (44 %) dans le spectre politique français.

Sans surprise, ils ne sont que 14 % de sympathisants des Républicains à considérer l’Algérie comme un allié, un chiffre qui tombe à 4 % chez les sondés de tendance pro-Rassemblement national… Anecdotique mais significatif, parmi les sympathisants d’Éric Zemmour, ce sont les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite qui, parmi les pays arabes, sont le plus perçus comme des alliés.

Le dossier libyen, grand absent du sondage

Des résultats à relativiser au regard des réponses à la question « est-ce une bonne ou une mauvaise chose que la France ait une relation privilégiée avec les pays suivants ? » Ils sont 69 % à répondre « bonne chose » pour le Maroc, 68 % pour la Tunisie, 64 % pour les Émirats arabes unis et 58 % pour l’Algérie.

Les sondés ont également été invités à s’exprimer sur différents temps forts de la diplomatie française ces dernières années. Seule une question concerne le monde arabe. Ils sont 35 % à estimer que la France a été à la hauteur de la crise libanaise, même si 42 % admettent « ne pas savoir ». Emmanuel Macron s’est pourtant largement emparé de la question libanaise, sans résultats tangibles cependant. Grand absent du sondage, le dossier libyen qui a valu bien des critiques à la France pour son soutien au maréchal Haftar. 

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