Massacre sanitaire

Publié le 4 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

N’ayons pas peur des mots. Il y a des génocides politiques qui ciblent une population, une race, une communauté ethnique. Il y a aussi des massacres sanitaires à grande échelle, qui touchent un large spectre de l’espèce humaine. Moins visibles, car dilués sur une grande partie du globe et relégués au second plan par les impératifs géostratégiques, ils n’en traduisent pas moins le peu d’empressement de la communauté internationale à les régler ou à les éviter. « L’eau est bien plus menaçante que n’importe quel conflit », souligne pourtant le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans son rapport 2006 sur le développement humain. Avec des pandémies comme le sida ou le fléau du paludisme, cette source de vie par excellence est, elle aussi, à l’origine d’une véritable hécatombe.
Chaque année, les maladies provoquées par une eau insalubre font 2 millions de morts, dont une majorité d’enfants. Aujourd’hui, 1,5 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,6 milliards sont privées d’installations sanitaires. Enfin, 3,3 milliards d’individus connaîtront un stress hydrique d’ici à 2025.
Une fois ce tableau brossé, que faire ? Pour l’économiste Jamal Saghir, directeur du département Eau et Énergie de la Banque mondiale, présent à Paris les 29 et 30 novembre dans le cadre d’un colloque organisé sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les solutions sont connues : coopération étroite entre États, laquelle, contrairement à une idée reçue, tend à croître ; mobilisation internationale ; et recours accru au secteur privé.
Pour lutter contre les méfaits de l’eau en Afrique, 10 milliards de dollars doivent être injectés annuellement, ce qui est loin d’être le cas. Ce coût peut paraître lourd, mais les gains seraient inestimables, y compris sur le plan économique, puisque les États gagneraient en productivité tout en réduisant leurs dépenses de santé. Or, selon Saghir, « les engagements restent au stade des bonnes intentions ». Une passivité qui coûte au final 5 % de croissance à l’Afrique tous les ans. À ce rythme, le continent atteindra les Objectifs du millénaire pour le développement au mieux en 2040, au pire à l’horizon 2080.

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