Jean-Claude Bouda

Commissaire général du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO)

Publié le 4 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Jean-Claude Bouda, 47 ans, secrétaire permanent du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao) depuis 1997, revient sur la 10e édition de cette manifestation organisée dans la capitale burkinabè du 27 octobre au 5 novembre 2006. Et souligne la nécessité pour les acteurs de cette filière de se professionnaliser davantage.

Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous de la 10e édition du Siao, qui s’est tenue du 27 octobre au 5 novembre ?
Jean-Claude Bouda :Malgré quelques difficultés logistiques rencontrées, nos objectifs ont été atteints. Il s’agissait de mettre l’accent sur la dimension panafricaine du Siao, ce qui fut le cas puisque cette édition, financée à hauteur de 80 % par le Burkina, a rassemblé 20 080 artisans issus de trente pays différents contre vingt-quatre lors de la précédente édition en 2004, et plus de 355 000 visiteurs alors qu’ils n’étaient que 300 000 il y a deux ans. Plus de 305 acheteurs professionnels d’Europe, d’Afrique et d’Asie ont fait le déplacement de Ouagadougou.
Le thème retenu cette année était « Artisanat et commerce équitable ». Est-ce un effet de mode ?
Le thème est effectivement à la mode, mais il n’est pas le fruit du hasard. Il a été retenu à l’issue d’un important atelier sur l’économie solidaire organisé au Burkina en 2004. Il s’agit d’interpeller et de sensibiliser la communauté internationale pour que, à l’instar des producteurs de café ou de cacao, de nouvelles opportunités s’offrent aux artisans et leur permettent de retirer un juste prix de leur travail. Cela suppose une meilleure défense de leurs intérêts et une amélioration des circuits de distribution. Au cours de cette édition, nous avons tenu plusieurs réunions auxquelles ont participé des acteurs du Sud mais aussi du Nord comme le label Max Havelaar. Les conclusions montrent que le public ignore les véritables enjeux du commerce équitable. Nous allons donc poursuivre nos efforts dans cette direction.
Comment le Siao a-t-il encouragé le secteur artisanal africain depuis sa création en 1988 ?
C’est à la fois une école de formation pour les artisans et un cadre de promotion de leurs produits sans équivalent en Afrique. Le Siao est une référence pour mieux faire connaître les enjeux de cette filière structurante pour les économies africaines. Avec un million d’artisans, ce secteur contribue à la croissance du produit intérieur brut d’un pays comme le Burkina. Le Siao est un espace d’échanges et d’amélioration de la qualité des produits. À travers les différentes éditions, nous avons pu observer une réelle amélioration de la qualité des produits et surtout de la manière dont ils sont présentés. Les artisans n’ont pas toujours l’habitude de vendre. Incontestablement, le Siao leur a permis de mieux s’adapter à la demande. De sorte que « l’exportabilité » de leurs productions s’est renforcée. Les participants au Siao doivent savoir qu’ils partent à la conquête du marché international.
Comment améliorer davantage le salon ?
Depuis la première édition, qui suivait la manifestation « Artisanat 84 », ce salon a révélé les véritables potentialités de cette filière, qui fait vivre des millions d’Africains, conduisant ainsi les organisateurs de l’époque, notamment l’Office central du commerce extérieur, à la sortir du confinement en l’institutionnalisant. Dix éditions plus tard, nous continuons à jouer la carte de la professionnalisation. Malgré nos multiples prestations, les acteurs eux-mêmes doivent s’inscrire dans une démarche plus professionnelle en concevant des supports, des plaquettes, des catalogues afin de mieux se faire connaître. Ils doivent également adopter une meilleure démarche commerciale, car ils sont encore trop nombreux à marchander comme s’ils se trouvaient sur un marché ordinaire. Pour ce faire, nous sommes soutenus par les organisations professionnelles et les chambres de métiers.
Allez-vous rendre le Siao encore plus visible au cours des prochaines années ?
Il a déjà pris une grande envergure et nécessite une importante organisation, ce qui empêche une édition annuelle. Toutefois, nous comptons nous ouvrir encore davantage et nous inspirer de l’expérience de pays comme le Pérou ou le Mexique, qui ont une filière très dynamique et qui sont en avance sur le concept de commerce équitable.

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