Donald Kaberuka

Président de la Banque africaine de développement (BAD)

Publié le 4 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

A 55 ans, le président de la Banque africaine de développement (BAD) apparaît comme un « homme pressé ». Un an après son accession à la tête de la première institution financière panafricaine – elle accorde plus de 3 milliards de dollars de prêts et dons chaque année -, l’ancien ministre rwandais des Finances met les bouchées doubles. À la réforme structurelle interne il ajoute une nouvelle ambition « externe » : créer autour du staff d’économistes de la Banque un réseau d’expertise africaine et non africaine (le tiers du capital de la Banque appartient, en effet, à 24 pays non africains, lesquels financent plus de 90 % des opérations). Ce réseau, initié à l’occasion de la première conférence économique organisée à Tunis du 22 au 24 novembre, devrait permettre à la Banque de se doter d’une base d’informations et de données à l’échelle du continent. Et d’améliorer son « image » auprès des décideurs politiques et des citoyens. Un an après le début de son mandat de cinq ans, le 1er septembre 2005, Donald Kaberuka dresse un premier bilan de son action.

Jeune Afrique : Vous avez changé les hommes et modifié l’organigramme. Où en sont vos réformes ?
Donald Kaberuka : Les résultats préliminaires sont impressionnants et les réformes se poursuivent pour consolider les acquis opérationnels et financiers de la Banque. Sur ces deux points, je suis très satisfait. La BAD aura une présence plus active sur le terrain. Avant la fin de l’année, vingt et un bureaux auront été ouverts et trois autres le seront début 2007. Cette présence est capitale pour renforcer le dialogue avec les États. D’autant que je souhaite accroître la participation de la Banque dans le développement humain et le financement des infrastructures, deux secteurs qui freinent la croissance. Pour attirer les investissements, il faut un bon climat des affaires et donc des réformes institutionnelles et structurelles.
Comment s’annonce l’année 2006 en termes de résultats ?
Je pense que ce sera une bonne année, comme 2005. La santé de la BAD a été consolidée à tous les niveaux. Nous venons d’octroyer à l’Égypte le plus grand crédit de l’histoire de la Banque : 500 millions de dollars. Ce pays est engagé dans une réforme importante de son secteur financier. J’ai estimé que la BAD devait le soutenir dans cette voie.
La BAD a effacé la dette des pays africains les plus pauvres. Comment cela s’est-il concrétisé ?
Nous avons effacé, le 4 septembre, près de 9 milliards de dollars de trente-trois pays. Nous avons reçu auparavant l’engagement des pays riches de nous les rembourser dollar pour dollar, sans que cela réduise nos ressources. À cela s’ajoute la reconstitution du Fonds africain de développement (FAD), prévue pour 2007. J’ai de bonnes raisons de croire que nos partenaires vont nous donner les moyens de continuer notre uvre, voire davantage. Maintenant, notre deuxième mission, c’est de conseiller les États en mettant notre expertise à leur disposition. Certains pays comme l’Afrique du Sud ou l’Algérie ne contractent pas de crédits auprès de nous, mais nous les accompagnons dans le conseil.
Vous avez parcouru l’Afrique de long en large. Quelles sont vos impressions ?
J’ai visité une quinzaine de pays et une quarantaine de projets rien que cette année. C’est vraiment édifiant. J’ai l’intention de continuer de voir ce que la Banque fait sur le terrain.
Votre slogan, c’est « la banque qui bouge » !
La Banque bouge, mais c’est toute l’Afrique qui est en mouvement depuis cinq ans. Après notre dernière conférence économique de Tunis (22-24 novembre), mon objectif est de créer un réseau de think-tank africains. L’Afrique doit générer ses propres idées.
Êtes-vous satisfait des conditions de votre « délocalisation » à Tunis ?
Je l’ai déjà dit, l’État tunisien et les Tunisiens ont mis à notre disposition des moyens convenables, ce dont je les remercie. Cela dit, notre siège est à Abidjan et nous prions pour que la stabilité et la paix reviennent en Côte d’Ivoire.

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