Devine qui ne vient pas dîner ?

Publié le 4 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Riga (Lettonie), le 29 novembre. En marge du Sommet de l’Otan, Jacques Chirac tient une conférence de presse. Avant de poser leur première question, plusieurs journalistes se sentent obliger de souhaiter au président français un bon anniversaire (il a 74 ans). Cette entrée en matière n’est peut-être pas dénuée d’arrière-pensées, puisque, par la suite, la plupart des interventions concerneront le dîner « privé » que Chirac a tenté d’organiser à cette occasion avec son « ami » Vladimir Poutine. Réponse de Chirac : « Je ne suis ni l’inspirateur ni l’organisateur de cette initiative. [] Le président Poutine m’a très gentiment fait savoir qu’il souhaitait me féliciter pour mon anniversaire. [] Là-dessus, Mme Vike-Freiberga [la présidente lettone] a évoqué la possibilité d’un dîner. J’y serais allé volontiers. » Comme souvent avec lui, la vérité est un peu différente. La voici.
Une semaine avant le sommet, l’Élysée envisage d’inviter Poutine à dîner, en marge de la manifestation, et en informe le cabinet de la chancelière Angela Merkel. Las ! les Allemands se montrent plus que réservés : ils craignent que ce dîner ne vole la vedette au sommet. Et puis ils connaissent mieux que personne le caractère ultrasensible des relations russo-lettones. Aucun Letton n’a oublié la tyrannie exercée sur ses satellites par l’empire soviétique. Et la présidente, dont la famille a été chassée du pays par l’armée Rouge en 1944, moins que personne. Depuis l’indépendance, en 1991, aucun président russe n’a d’ailleurs été officiellement invité à Riga. Que l’initiative de ce geste hautement symbolique puisse venir d’un étranger est tout simplement impensable. D’autant que, apparemment, Chirac avait omis d’informer Vaira Vike-Freiberga de ses intentions !
L’apprenant par la bande, celle-ci songe d’abord à refuser son visa à Poutine. Puis, se souvenant qu’elle a été fort bien reçue à Moscou, en mai 2005, lors de la commémoration de la victoire alliée de 1945, elle se ravise et fait savoir à son collègue russe qu’il est le bienvenu, à condition qu’il lui rende visite à elle – et non à Chirac. Embarrassés, les services de la présidence française tentent de rattraper le coup in extremis en invitant Vike-Freiberga. Trop tard. Chacun cherche déjà une excuse pour se défiler, dans la crainte que Chirac, pour sauver son dîner, ne tente d’élargir le cercle des convives. Merkel fait savoir à ses conseillers qu’elle ne s’y rendra en aucun cas. Avant que Poutine lui-même, arguant d’un problème d’emploi du temps, décline poliment l’invitation française.

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