Début de la première Intifada

Publié le 4 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Barricades, pneus enflammés, pierres, cocktails Molotov Le 9 décembre 1987, à Gaza, les Palestiniens donnent libre cours à leur colère. Mais personne ne mesure encore l’ampleur de cet accès de fièvre. En Israël, on préfère évoquer un « déchaînement ponctuel et momentané », consécutif à la mort, l’avant-veille, dans la bande côtière, de quatre ouvriers palestiniens dans une « collision » avec un véhicule de l’armée d’occupation. « Le quadruple meurtre » dénoncé par les Palestiniens n’aura été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est le détonateur de l’Intifada, qui dépasse rapidement les frontières de la bande de Gaza pour gagner la Cisjordanie. Partout dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, les mots d’ordre de grève sont observés et les jeunes affrontent à coups de pierres les blindés israéliens.

Au fil des jours, le monde entier se rend à l’évidence. Penser qu’il s’agit d’une situation passagère serait « une grave erreur », avertit le futur président d’Israël, le travailliste Ezer Weizman, qui explique l’embrasement des Territoires par « la perte d’espoir chez les Palestiniens ». En effet, après vingt ans d’occupation, l’horizon semble complètement bouché pour la population palestinienne. Les leaders de la droite israélienne alors au pouvoir multiplient à son égard insultes et provocations. Ariel Sharon pend la crémaillère de sa nouvelle demeure en plein cur du secteur arabe de Jérusalem, Raphaël Eytan réclame le « transfert » des Arabes « indésirables », qualifiés de « bipèdes » par le Premier ministre Itzhak Shamir. À Tel-Aviv, on peut tout se permettre. Les combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, évacués du Liban voisin en 1983, sont hors d’état de nuire dans la lointaine Tunisie. Le monde arabe n’est d’aucun secours. Un mois plus tôt, à Amman, un sommet arabe extraordinaire a considéré que le conflit irako-iranien était la menace la plus sérieuse pour la région. Américains et Soviétiques sont eux aussi aux abonnés absents.
Ne reste donc plus que le front intérieur. Reprises par les médias internationaux, les images des manifestants palestiniens avec leurs pierres face à l’impressionnante armada israélienne font le tour du monde. Elles rappellent une vérité oubliée : l’existence en Palestine d’occupants et d’occupés. L’extrême brutalité des méthodes de Tsahal désarme même les soutiens les plus inconditionnels de l’État hébreu. En témoigne le refus des États-Unis d’opposer, le 22 décembre, leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU déplorant « fortement les pratiques israéliennes qui violent les droits du peuple palestinien ». « La révolte des pierres » met en évidence la force du nationalisme palestinien. Le roi Hussein de Jordanie est le premier à en tirer la leçon. Le 31 juillet 1988, il renonce à sa souveraineté sur la Cisjordanie au profit de l’OLP. Trois mois plus tard, le Conseil national palestinien (Parlement en exil), réuni à Alger, proclame l’indépendance de l’État de Palestine, condamne le terrorisme et accepte les résolutions onusiennes 181, 242 et 338, reconnaissant ainsi, implicitement, l’État hébreu.

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Parallèlement, l’opération de charme de l’OLP a des résultats inespérés. Arafat est reçu à l’Élysée par François Mitterrand. Les Américains engagent des pourparlers, au début discrets, avec la centrale palestinienne. L’idée d’une conférence internationale sur le Proche-Orient est de nouveau à l’ordre du jour. Mais elle ne fera son chemin qu’au lendemain de la guerre du Koweït en 1991. De leur côté, les Israéliens seront contraints d’engager des négociations secrètes avec l’OLP à Oslo. Elles aboutiront à la signature, le 13 septembre 1993, à Washington, d’un accord de paix. Mais le processus ainsi engagé ne survivra pas à l’assassinat, le 4 novembre 1995, du Premier ministre travailliste Itzhak Rabin et au retour aux affaires de la droite en mai 1996.

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