Zoom sur la Méditerranée

Vingt pays représentés, des dizaines de courts-métrages projetés. Pendant quatre jours, la cité marocaine a vécu à l’heure du septième art.

Publié le 5 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Pas de paillettes ni de stars capricieuses pour la deuxième édition du Festival méditerranéen de courts-métrages de Tanger, du 21 au 25 septembre, mais une trentaine de jeunes réalisateurs avides d’expériences cinématographiques, suivis avec attention par une bande de cinéphages venus des quatre coins de la Mare Nostrum. Pas moins de trente-quatre courts-métrages ont été projetés dans le cadre de la compétition officielle, auxquels s’ajoutaient les oeuvres marocaines non sélectionnées ainsi que les films diffusés lors des séquences « rétrospectives »… Pendant quatre jours, la ville du Détroit a donc vécu au rythme du septième art. Pour l’occasion, deux salles ont même rouvert. Si le festival a joué la dernière séance pour le Dawliz, qui a baissé son rideau en début d’année, il a célébré la réouverture définitive – du moins, on l’espère – du Roxy, un cinéma aux allures de théâtre, construit dans les années 1940, et dont les splendides dorures ont retrouvé leur éclat d’antan.
Confortablement installé dans les fauteuils en velours rouge, le spectateur a voyagé de l’Albanie à la France, en passant par l’Italie ou la Jordanie. Vingt pays du pourtour méditerranéen sous les projecteurs de leurs cinéastes : en six, vingt minutes ou plus, les préoccupations des uns et des autres ont été mises à nu. Et c’est par la récurrence de certains thèmes que cette culture méditerranéenne commune devient soudain réalité. L’immigration, la mixité, la guerre : chacun à sa manière zoome sur ces « phénomènes de société ». Ainsi en est-il de Stéphanie Duvivier, une Française qui a vécu dix-huit ans au Maroc et à laquelle est revenu le Grand Prix du festival. Hymne à la gazelle raconte l’histoire de Babette qui sort le chien pendant que son époux regarde, avachi sur le canapé, un match de foot. Dans la rue, elle est alpaguée par une bande de jeunes. Elle leur échappe en se réfugiant dans un petit café. C’est là que la jeune femme fait la connaissance de Youssef, un Maghrébin au regard dur tout juste sorti de prison. A priori, tout les sépare. Et pourtant, ils passent une nuit d’amour ensemble. La caméra de Stéphanie Duvivier capte avec justesse et subtilité leur désir, même si certains participants ont décrié son impudeur…
La Grecque Irini Vachlioti a recueilli avec Skipper Strad le Prix spécial du jury, mais surtout l’enthousiasme unanime du public. Son court-métrage, en noir et blanc, clin d’oeil à l’histoire centenaire du cinéma, traite du départ, un thème cher aux riverains de la Méditerranée. Le départ, c’est souvent l’immigration et la difficile intégration qui s’ensuit. Le Marocain Rachid Boutounes montre la solitude d’un émigré retraité qui ne se résout pas à rentrer au pays après avoir passé trente-cinq ans au service de la République française. Une histoire bien peu originale, mais qui a valu à Hamidou Benmessouda le Prix du meilleur acteur. L’Algérien Rachid Amaaouche parle, pour sa part, d’une intégration « réussie » qui fait que le jeune avocat des cités n’a plus sa place nulle part. Là aussi, on peut regretter que les jurés n’aient pas été plus téméraires en décernant à ce film le Prix de la première oeuvre.
Le film du chorégraphe Lahcen Zinoun aurait aussi mérité une récompense. Avec Faux pas, le réalisateur marocain signe une oeuvre résolument décalée et totalement réussie. En ne filmant que des pieds, en supprimant les mots, Zinoun parvient à mettre en scène les années de plomb du royaume par un hommage poignant à l’opposante Evelyne Serfaty.
Le jury a préféré donner une mention spéciale au « docu-drama » de l’Égyptien Mahmoud Souleiman. Ils vivent parmi nous suit le parcours de Nadia, une mère de trois enfants séparée de son époux qui survit au Caire en aiguisant des couteaux. Un documentaire certes intéressant, mais qui répond à une démarche radicalement différente des fictions présentées lors de ce festival. C’est pourquoi on peut espérer que l’édition 2005 fera la distinction entre les deux genres.

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