Un rapport de bon augure

Publié le 5 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Günter Verheugen, commissaire européen à l’élargissement, l’avait nettement laissé entendre, le 23 septembre (voir J.A.I. n° 2281). Un rapport confidentiel l’a confirmé le 30 : obtenu par l’agence de presse Reuters, ce document, destiné à accompagner la recommandation de la Commission de Bruxelles attendue pour le 6 octobre, se révèle très positif pour la Turquie. Au point qu’il ne faisait plus guère de doute, à l’heure où nous mettions sous presse, que la Commission allait se prononcer en faveur de l’ouverture de négociations d’adhésion avec Ankara.

L’étude divulguée le 30 septembre place les futurs partenaires à égalité en indiquant que « l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE) constituera un défi à la fois pour ce pays et pour l’Union » et que, « s’il est bien géré, il offrira d’importants avantages pour les deux ».

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La Turquie musulmane, qui connaît « une évolution rapide des mentalités », pourrait servir de « modèle » aux États de la région, estiment les auteurs du rapport. Citant « la taille, la situation géographique et le potentiel économique et militaire de la Turquie », ils considèrent que son adhésion contribuera « à la stabilité régionale et internationale » en Méditerranée, en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le Caucase. Elle garantira en outre « la sécurité de l’approvisionnement en gaz et en pétrole du continent ». Enfin, une surveillance efficace des frontières extérieures de l’UE – dont la Commission reconnaît qu’elle est difficile à mettre en oeuvre – devrait permettre de mieux lutter contre l’immigration clandestine, le terrorisme et les trafics en tout genre.
Sur le plan économique, l’intégration devrait être très profitable à la Turquie, et un peu moins pour l’UE… mais bénéfique tout de même, poursuit le rapport. Les politiques régionales et la politique agricole commune devraient toutefois connaître des aménagements. Tout comme les institutions européennes, car la Turquie, avec ses 70 millions d’habitants, pourrait devenir la première force au Conseil des ministres par le nombre de voix et faire jeu égal avec l’Allemagne au Parlement de Strasbourg.

Le rapport relativise les craintes de certains pays de voir leur marché du travail envahi par la main-d’oeuvre turque, qu’il évalue de 500 000 à 4 millions de personnes au total. Une clause de sauvegarde pourrait permettre à un État de fermer ses frontières « en cas de graves perturbations du marché du travail ».

La recommandation de la Commission n’est certes pas décisive. Destinée à aider les chefs d’État et de gouvernement de l’Union à se prononcer définitivement sur le sujet, le 17 décembre, elle n’en constitue pas moins une étape importante. Reste, aussi, à faire évoluer des mentalités d’un autre âge, y compris au sein de la Commission : le Néerlandais Frits Bolkestein n’a-t-il pas déclaré (sans rire) que l’entrée de la Turquie dans l’UE signifierait que la défaite des Ottomans devant Vienne, en 1683, « n’aura servi à rien » ?

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