Que la lumière soit !

Construite à Limbé, la nouvelle centrale thermique d’AES-Sonel devrait réduire les pénuries d’électricité récurrentes dans le pays.

Publié le 4 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Au milieu des palmiers à huile et face aux plates-formes pétrolières qui composent le paysage côtier de Limbé, la zone industrielle vient d’accueillir un nouveau-né : la centrale thermique à fioul lourd de l’AES-Sonel, dont la construction s’est achevée en septembre. Elle trône dorénavant à quelques centaines de mètres des énormes cuves de la Sonara (Société nationale de raffinage). L’entreprise nationale d’électricité, la Sonel, rachetée à 51 % par l’américaine AES en 2001, assure qu’avec l’entrée en activité de cette centrale les problèmes énergétiques du Cameroun seront résolus.
Voilà plusieurs années que les habitants et les industriels de Douala se plaignent des coupures incessantes de courant qui entravent le développement des entreprises et ralentissent la croissance du pays. En attendant l’augmentation de la capacité énergétique du pays, nombre d’entre eux se sont dotés de groupes électrogènes autonomes.
Dorénavant, la centrale thermique de Limbé devrait remédier à ces manques. À quelques jours de sa mise en service, prévue pour le début d’octobre, elle semblait d’ailleurs fonctionner parfaitement. Le 24 septembre, Wärtsiliä, l’entreprise finlandaise qui a acheminé tout le matériel depuis la Scandinavie jusqu’à Douala, a remis les clefs de l’usine à l’AES-Sonel après treize mois de travaux. Normalement, une centrale de ce type peut être montée en huit mois seulement. Mais des retards d’enregistrement aux douanes de Douala et des problèmes de terrassement du terrain à Limbé ont retardé le chantier.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, installée sur 4,4 hectares de falaise, la centrale brille de mille feux. Les cinq turbines d’une capacité de 17 MW chacune trônent dans la salle principale. À l’extérieur, de grandes cuves noires stockent le fuel, acheminé par oléoduc des cuves toutes proches de la Sonara. Une situation idéale et calculée pour économiser les coûts de transport du précieux liquide. Au final, la centrale produira 85 MW d’électricité, dont 5 pour son propre fonctionnement.
L’AES-Sonel a dû investir plus de 53 millions d’euros dans le projet. Les machines ont coûté 46 millions d’euros, auxquels il faut rajouter 3 millions d’euros pour la sous-station et 4 millions pour l’achat des terrains sur lesquels passent les lignes à haute tension, ainsi que l’indemnisation des personnes déplacées, qui s’est élevée à 686 000 euros.
Le choix du fioul lourd comme source d’énergie est déjà vivement contesté par les organisations non gouvernementales qui s’inquiètent des conséquences écologiques. Dans un pays où les pluies sont nombreuses et les fleuves abondants, pourquoi ne pas avoir choisi la technologie hydraulique, qui fournit déjà 85 % des 650 MW de la capacité de l’AES-Sonel ? Question de régularité, argumente la compagnie. Les saisons sèches, pendant lesquelles les ressources en eau se font plus rares, sont aussi les périodes où la demande en électricité est le plus forte. Question de prix aussi. L’électricité produite à Limbé coûtera environ 45 à 50 F CFA le kWh, contre 600 F CFA le kWh pour les centrales hydrauliques. Malgré le lourd investissement de départ, les Camerounais ne devraient pas voir leurs factures augmenter – ce serait la quatrième fois en trois ans. L’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) et l’AES-Sonel sont convenues, à la mi-août, d’une pause tarifaire pour 2004-2005. De quoi souffler un peu et profiter tranquillement des nouvelles capacités du pays.

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