Quand le « FT » est dans le rouge

La crise de la presse économique n’épargne pas le prestigieux « Financial Times ».

Publié le 5 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Temps difficile pour le Financial Times. De l’aveu même de son rédacteur en chef, Andrew Gowers, le prestigieux quotidien britannique est lui aussi victime de « la pire récession » qu’ait connue la presse économique. Le « FT » a perdu, en 2003, 32 millions de livres, soit plus de 46 millions d’euros, et prévoit 12 millions de livres de pertes en 2004. En 2000, il avait fait gagner 81 millions de livres au groupe Pearson, également actionnaire à 50 % de l’hebdomadaire The Economist et propriétaire du quotidien Les Échos en France.
Fondé en 1884, le Financial Times a lancé, il y a vingt-cinq ans, une édition continentale, suivie d’une édition américaine et d’une édition asiatique. La diffusion est ensuite restée stable en Grande-Bretagne et en Irlande, aux environs de 150 000 exemplaires, mais elle a bondi à l’international pour atteindre 486 000 exemplaires en 2001. Depuis trois ans, cependant, elle baisse régulièrement. Dans les six premiers mois de 2004, elle a chuté de 40 000 exemplaires et s’est retrouvée en Grande-Bretagne autour de 100 000 exemplaires payants. Le FT a déjà procédé à des compressions du personnel, qui a été réduit de 1 300 à 1 100 salariés.
Les bonnes nouvelles sont l’arrivée à l’équilibre du site Web, qui, après avoir recruté ses premiers abonnés en 2002, en compte désormais près de 80 000. Et le lancement, à la mi-septembre, de l’édition australienne. Elle aura, pour commencer, un tirage de 5 000 exemplaires quotidiens et devrait conforter les 30 000 exemplaires de l’édition asiatique, vieille d’un an. Le journal a également des accords avec le Los Angeles Times et le Miami Herald, aux États-Unis, El Cronista en Argentine et Valor au Brésil.
Vendre le FT ? « Il faudra me passer sur le corps », réplique Marjorie Scardino, la directrice générale du groupe Pearson, dont la situation est par ailleurs saine. Mais les rumeurs vont bon train. Parmi les acheteurs possibles, on cite évidemment le nom de Rupert Murdoch, le magnat australo-américain, dont le groupe, News Corp., n’a pas de titre en vente à l’international. Mais un tel rachat poserait certainement un problème de position dominante, car News Corp. est déjà propriétaire du Sun, le plus gros tirage de la presse britannique, et du Times. Murdoch serait sans doute contraint de se séparer du Times, qui, du reste, est lui aussi dans le rouge.
Le prix serait certainement élevé, mais aucune vente n’est de toute façon possible pour l’instant. La firme de courtage Collins Stewart Tullett a intenté au Financial Times un procès en diffamation et demande 240 millions de livres de dommages et intérêts. En cause, un article publié en août 2003 sur un licenciement abusif qui a entraîné un procès. Le FT aurait utilisé des informations tirées du dossier juridique, comme il est d’usage en Grande-Bretagne. Collins Stewart soutient que la règle ne pouvait s’appliquer dans ce cas précis. Les 240 millions de livres réclamés représenteraient la perte causée par la chute du cours des actions de la firme à la suite de l’article paru dans le FT. Une réunion est prévue début octobre pour négocier à l’amiable une réduction de ce montant record.

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