Pourquoi Bush est incompétent

Publié le 4 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Le véritable problème que pose l’élection présidentielle américaine n’a pas été évoqué dans les flots de rhétorique qui se sont déversés sur la convention républicaine de New York. Le véritable problème, c’est que George Walker Bush, le président des États-Unis, est incompétent. Ce n’est pas un bon président. À preuve.
1. Il a divisé le pays. Nous, Américains, sommes embarqués dans un affrontement lamentable. Le 12 septembre 2001, nous étions unis. Nous sommes aujourd’hui divisés et humiliés, et nous nous envoyons des mensonges à la figure.
2. Il a divisé le monde. « Nous sommes tous des Américains », titrait Le Monde le 12 septembre. Il y a désormais des jours où il semble que l’on est partout antiaméricain.
3. Il a lourdement endetté nos enfants et nos petits-enfants. Il a transformé l’excédent budgétaire en déficit au nom de la sécurité nationale et accru l’investissement privé. Nous pouvons payer la dette de deux manières : en augmentant les revenus du gouvernement (par des impôts) ou en empruntant – en reportant le fardeau sur les générations futures. Le président a choisi d’emprunter.
4. Il a considérablement augmenté la taille et le rôle du gouvernement, alors qu’il se présentait comme le champion d’un gouvernement allégé. Le conservatisme idéologique, à l’évidence, coûte aussi cher, ou plus, que le libéralisme idéologique. Les hommes politiques, conservateurs comme libéraux, veulent tous augmenter le champ d’action et le pouvoir du gouvernement. La différence porte sur les secteurs et les fonctions de l’État qui doivent avoir plus de pouvoir et plus d’argent. Le choix est entre les mesures militaires et l’ordre, ou bien davantage de redistribution des revenus. L’argent, c’est le pouvoir.
5. Il réduit le poids de l’armée dont il est si fier d’être le commandant en chef. L’invasion et l’occupation de l’Irak n’ont manifestement pas tourné comme il l’imaginait – l’objectif n’était pas la torture sur des personnes dénudées. Mais un problème beaucoup plus grave pour l’avenir est que le fier commandant en chef américain a fait apparaître le creux qui se cache derrière la superpuissance unilatérale. Nous avons été incapables de conquérir l’Irak, et encore plus le monde. Et l’invasion de l’Irak a compromis et affaibli la guerre contre le terrorisme qu’il a lui-même engagée.
6. Il freine le progrès scientifique, le grand moteur du XXe siècle. Seuls les fieffés ignorants peuvent croire que le rôle du gouvernement est de bloquer la recherche médicale et la protection de l’environnement au nom de Dieu.
7. Il porte atteinte à la Constitution des États-Unis. Des procédés minables comme d’amender le grand texte sur la liberté pour s’en prendre à l’homosexualité peuvent être considérés comme de la politicaillerie. Mais il est plus grave de s’opposer à un pouvoir judiciaire trop zélé en nommant des juges encore plus zélés qui ont des idées bien à eux, entre autres que les libertés civiques sont les ennemis du patriotisme, de la sécurité et de la liberté elle-même.
8. Il s’est entouré d’autres incompétents. Le secrétaire d’État a entrepris le saccage de la diplomatie et des alliances. Le secrétaire à la Défense a mis nos jeunes gens dans des situations auxquelles ils n’ont jamais été préparés, et à présent ils sont aux ordres d’un cheikh désigné à l’autre bout du monde. La conseillère à la Sécurité nationale ne semble pas savoir que son cahier des charges prévoit qu’elle coordonne la défense et la diplomatie. Sans oublier notre correspondant local à 340 000 dollars par mois, Ahmed Chalabi.
9. Il n’a pas su ou pas voulu s’occuper du recul de l’emploi et de l’augmentation des dépenses médicales du fait du vieillissement de la population.
10. Il ruine la crédibilité de l’Amérique comme force de paix dans le monde – « l’honnête courtier » – et en particulier au Proche- et au Moyen-Orient.
La liste est longue, erreur après erreur. Le président Bush n’a pas su y faire. Peut-être avait-il les meilleures intentions du monde, mais c’est raté. Nos enfants et nous, nous paierons le prix de ses fautes. Il s’est retrouvé aux commandes dans une période difficile. Malheureusement pour nous et pour le monde, il n’a pas été à la hauteur de ses responsabilités.

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