Les promesses de l’or blanc

Publié le 4 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

« La saison a débuté sous les meilleurs auspices avec des cultivateurs motivés par une hausse de 5 F CFA du prix d’achat, de bonnes conditions climatiques et une faible pression des insectes, explique Hervé Gruson, directeur général adjoint de la Sodécoton. Grâce à l’extension de la culture sans labour, une technique qui permet un gain de temps appréciable pour les travaux agricoles, environ 217 000 hectares ont pu être consacrés à la culture cotonnière, soit 9 000 de plus que l’année dernière. » La société mise donc sur une production de plus de 260 000 tonnes, au lieu de 243 000 en 2003-2004 (+ 6 %).
Cette bonne nouvelle ne saurait toutefois cacher les difficultés traversées par la compagnie. « Nous sommes pénalisés par la baisse des cours de la fibre de coton sur le marché mondial, indique Hervé Gruson. Par ailleurs, la détérioration du réseau routier dans les zones de collecte et la hausse du coût de l’électricité grèvent les résultats. » Les responsables de la société prévoient donc une perte d’exploitation d’une dizaine de milliards de francs CFA à la fin de la campagne en cours. Un déficit qui ne remet toutefois pas en question l’équilibre financier de la compagnie.
« La Sodécoton a su répartir ses risques en diversifiant ses recettes : exportation de la fibre, fabrication d’huile de coton et réalisation d’aliments pour le bétail du pays », explique un négociant français. Une stratégie payante qui permet d’amortir les chocs du marché mondial. La réussite de la Sodécoton provient également d’une gestion rigoureuse et d’un partenariat fort avec les planteurs. Dans des provinces où le pouvoir traditionnel est très présent, la société a su s’imposer face aux chefs locaux, qui n’osent pas s’immiscer dans une activité qui fait vivre près de trois millions de personnes. D’ailleurs, même les autorités et les bailleurs de fonds, qui envisageaient la privatisation de la compagnie, ne semblent plus très pressés de démanteler un outil qui a fait ses preuves.
En attendant, la Sodécoton investit. Elle construira en 2005 une nouvelle usine d’égrenage d’une capacité de 30 000 tonnes, dans le sud de la zone cotonnière. Et envisage de monter à court terme un deuxième complexe industriel et une huilerie, pour répondre à l’essor de la production. À l’horizon 2010, les responsables de la compagnie misent sur une récolte de 300 000 tonnes de coton. La culture cotonnière est en constante progression au nord du Cameroun, avec l’essor démographique et l’installation de populations venant du Tchad voisin. Principale activité rémunératrice, elle attire chaque année de nouveaux producteurs. On en compte actuellement plus de 350 000. Et la pression foncière, qui est très importante dans l’Extrême Nord, entraîne le déplacement des planteurs vers les provinces du Nord et de l’Adamaoua.

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