Le réquisitoire de Gbagbo
Dans une lettre en date du 26 septembre remise, le lendemain, par Alphonse Douaty, le ministre chargé des Relations avec les institutions, aux présidents Gnassingbé Éyadéma, du Togo, John Kufuor, du Ghana, et Olusegun Obasanjo, du Nigeria, le président ivoirien Laurent Gbagbo lance un véritable réquisitoire contre Blaise Compaoré, son voisin burkinabè. Livraison d’armes slovènes aux ex-rebelles ivoiriens des Forces nouvelles, via Ouagadougou ; présence dans la capitale du Burkina de mercenaires venus du Liberia, de Sierra Leone et d’Angola ; « activités suspectes », toujours à Ouaga, d’anciens militaires, policiers et agents français (les noms du général à la retraite Jean-Claude Mantion, qui dirigea la garde présidentielle centrafricaine dans les années 1980, et du célèbre capitaine Paul Barril sont cités) ; entraînement d’opposants mauritaniens, togolais et autres ; financements occultes en provenance de banques arabes, etc. Ce message de trois pages, en conclusion duquel Gbagbo demande à ses pairs d’engager les démarches et de prendre les mesures nécessaires (lesquelles ?), traduit l’ampleur du malaise entre le Burkina et certains pays de la région. Les autorités de Ouagadougou ont beau dénoncer, depuis le début, ce qu’elles appellent une « machination », rien n’y fait. « Si Jacques Chirac ne s’implique pas directement pour éteindre le feu qui couve, confie un proche du dossier, Gbagbo, Eyadéma et Ould Taya boycotteront le prochain sommet de la Francophonie [fin novembre, à Ouaga]. Et ils feront tout pour ne pas être les seuls. »
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