L’armée égyptienne franchit le canal de Suez

Publié le 4 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

La première guerre israélo-arabe remonte à 1948-1949, après la proclamation unilatérale de l’État d’Israël. La deuxième, en 1956, après la nationalisation du canal de Suez par le président Nasser, prit la forme d’une agression anglo-franco-israélienne contre l’Égypte. Et la troisième, la guerre des Six-Jours, en juin 1967, s’acheva par une victoire éclair de l’armée israélienne. Lorsque le 6 octobre 1973, à l’heure sacrée de la sieste (14 heures), les armées égyptienne et syrienne attaquent par surprise Israël, le Moyen-Orient s’embrase donc pour la quatrième fois en vingt-cinq ans.
Longtemps considéré comme un personnage falot, le président Anouar el-Sadate, au pouvoir depuis la mort de Nasser en 1970, prend ainsi tout le monde de court. À commencer par les Israéliens, qui possèdent – déjà ! – la meilleure armée du Moyen-Orient et se croient d’autant plus invulnérables qu’ils ont érigé, sur la rive orientale du canal de Suez la ligne Bar-Lev, « la meilleure défense que nous puissions avoir », selon Moshe Dayan, leur ministre de la Défense.

Sur le front Nord, les Syriens lancent une première vague d’une centaine d’avions à l’assaut des points stratégiques du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Au même moment, sur le front Sud, les appareils égyptiens déclenchent en moins d’une demi-heure 240 raids aériens et déversent 10 500 obus sur les positions israéliennes. But de la manoeuvre : faire sauter les milliers de mines antipersonnel disposées entre les positions fortifiées composant la ligne Bar-Lev. Simultanément, les premières équipes antichars entreprennent la traversée du canal, suivies par douze vagues de canots pneumatiques transportant des milliers de soldats. Parvenus sur l’autre rive, ces derniers escaladent le premier rempart avec des échelles de cordes et de bois. À 14 h 30, des éléments de la IIIe armée plantent le drapeau égyptien en territoire ennemi. Une heure et quart après le début de l’offensive, 15 000 soldats ont déjà débarqué. Les hommes du Génie entreprennent de construire des ponts pour acheminer le matériel lourd. Ils mettront entre sept et neuf heures. Le 6 octobre à minuit, la majorité de l’infanterie égyptienne a déjà traversé le canal, pris quatorze des vingt-six forts de la ligne Bar-Lev et construit cinq ponts.
Surpris par l’ampleur de l’attaque et, surtout, par la minutieuse organisation des armées adverses, les Israéliens mettent près de trois jours avant de riposter sérieusement. Sur les deux fronts, les combats s’équilibrent. Tsahal reprend le Golan dès le 11 octobre. Damas, la capitale syrienne, désormais à portée des canons israéliens, est défendue par des troupes irakiennes et jordaniennes venues en renfort. Au Sud, la plus formidable bataille de chars depuis la Seconde Guerre mondiale tourne, dès le 15 octobre, à l’avantage des Israéliens. Qui parviennent même à s’infiltrer à l’ouest du canal, à pénétrer en zone ennemie et à prendre en tenailles la IIIe armée égyptienne.
La guerre prend une tournure dangereuse. Américains et Soviétiques, les superpuissances de l’époque, qui avaient mis en place, dans les premiers jours de la guerre, des ponts aériens pour acheminer des armes à leurs alliés respectifs, craignent le pire : l’utilisation de l’arme atomique par Israël – qui en possède treize spécimens d’une puissance comparable à celle de Nagasaki – et un éventuel embargo sur le pétrole. Dès le 15 octobre, les pays arabes décident de porter le prix du baril de brut à 10 dollars. L’Opep s’associe à la décision.

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Leonid Brejnev, le numéro un soviétique, utilise pour la première fois le téléphone rouge pour demander à Richard Nixon, son alter ego américain, de dépêcher d’urgence à Moscou le secrétaire d’État Henry Kissinger. Après plusieurs jours de négociation, un compromis est trouvé, promptement entériné par la résolution 338 du Conseil de sécurité de l’ONU. Le cessez-le-feu entre officiellement en vigueur le 22 octobre.
La guerre de Ramadan (pour les Égyptiens) et de Yom Kippour (pour les Israéliens) s’achève sans vainqueur ni vaincu, les pertes et les gains étant équilibrés. Mais le mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne est ébranlé. Les deux peuples sont mûrs pour la paix… qui sera scellée six ans plus tard.

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