Guinée : six ans après le « non »
Publié le 6 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.
Le voyage qu’effectua le général de Gaulle en Afrique pour présenter la Constitution de 1958 aura peut-être été le mécanisme qui précipita les événements. À Tananarive, Abidjan et Brazzaville, tout marcha « comme sur des roulettes ». Mais à Conakry et à Dakar la situation n’était pas la même. Sékou Touré réclama l’indépendance et prit soin d’avertir qu’il ne céderait devant aucune pression : « Nous serons citoyens de nos États africains, s’écria-t-il. Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage. » []
Le 28 septembre, la Guinée refusait la Constitution communautaire proposée par le gouvernement français. Ce non créait un État indépendant, le seul de tous les territoires français d’Afrique noire qui n’ait pas recherché un transfert de compétences et qui se soit organisé dans la perspective d’une telle issue. []
Six ans après, la Guinée est restée à l’avant-garde du combat africain. [] Mais six ans après, il faut le dire, la Guinée est le miroir exact de tous les problèmes posés sur les plans national et international à tout jeune État africain désireux de ne pas prostituer son indépendance. Sékou Touré l’a dit lui-même : « Il est clair que l’indépendance politique qui n’aurait pas pour conséquence une totale libération économique serait un leurre. » []
La création de comptoirs nationaux ou de pharmacies nationales suffit-elle à résoudre les difficultés économiques fondamentales d’un pays indépendant ? Sortir de l’économie de traite, éviter que le commerce ne demeure entre des mains étrangères, amorcer une industrialisation rationnelle, tous ces problèmes ont été et demeurent ceux de la Guinée. Elle ne peut les résoudre seule. []
Parce que la Guinée a su s’organiser pour résister à toutes les emprises, on a toutes les raisons d’espérer qu’aux heures de lutte pour l’édification d’une économie intégrée à un ensemble africain harmonisé, dans une conjoncture internationale difficile, elle saura s’adapter, se réorienter sans jamais oublier que pour toute l’Afrique elle a été le premier symbole du refus du néocolonialisme.
