Bédié-ouattara : je t’aime, moi non plus

Publié le 4 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Au début des années 1990, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara filaient le parfait amour. Ou presque. Le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny se voyaient pratiquement tous les mardis pour discuter de certains sujets inscrits à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Les premières anicroches entre les deux héritiers putatifs du « Vieux » remontent à octobre 1992. Au cours d’une émission télévisée, Ouattara apparaît dans une posture d’homme d’État. Ce qui n’est pas pour plaire à Bédié, qui lui répondra sur un ton peu amène, quelques jours plus tard, dans son discours d’ouverture de la session parlementaire. Les passes d’armes, à fleurets mouchetés, continueront jusqu’à la mort, le 7 décembre 1993, du premier président de la Côte d’Ivoire indépendante, auquel succédera, le même jour, Bédié.
Une fois installé dans le fauteuil d’Houphouët, le nouveau chef de l’État ne rompt pas les ponts avec son adversaire supposé ou réel, nommé directeur général adjoint du Fonds monétaire international, à Washington. Les deux hommes continuent de se téléphoner et n’oublient jamais les voeux de fin d’année. Courant 1996, Ouattara rencontre même Bédié pour, entre autres, lui suggérer de former un gouvernement de « large ouverture » ou « d’union nationale », afin de mieux faire face à la crise économique et sociale. Sans succès.
En juillet 1999, l’ancien Premier ministre rentre au pays et, dans la foulée, prend la tête du Rassemblement des républicains (RDR), une formation politique née, quelques années plus tôt, d’une scission avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Ses relations avec Bédié, entre-temps devenu l’inspirateur de « l’ivoirité », s’enveniment. Puis c’est le coup d’État du 24 décembre 1999. Le général Robert Gueï s’installe au palais, mais, dans son exil au Togo, puis en France, Bédié est persuadé que son véritable tombeur s’appelle… Ouattara.
En janvier 2002, au lendemain du Forum pour la réconciliation nationale, on retrouve Bédié et Ouattara à Yamoussoukro, souriants, aux côtés du président Laurent Gbagbo et du général Gueï, pour une rencontre au sommet en faveur de la paix civile. Tous les deux seront également à Marcoussis, en janvier 2003, lors du fameux conclave dans la banlieue parisienne. En juillet 2004, le sommet d’Accra consacre leurs retrouvailles. « Le passé est mort, il faut l’enterrer. On regarde devant. On s’est compris ! » laissent-ils comprendre. Leur objectif à terme ? Gagner, si possible ensemble, la présidentielle et les législatives de 2005. En attendant, ils caressent l’idée d’aller se recueillir, en novembre prochain, sur la tombe d’Houphouët, à Yamoussoukro, pour sceller leur réconciliation.

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