Une bagarre française

Publié le 4 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

En France, grande nation industrielle plus ou moins sérieusement sur le déclin, finaliste de la Coupe du monde de football tout de même, et malgré tout, cinquième ou sixième puissance économique de la planète, en France donc, il y a de l’électricité dans l’air. Les Gaulois vont élire leur chef en mai prochain, la grande course des ambitions a largement démarré, et les coups volent déjà bas.
Oublions, pour le moment, l’enjeu. Immense. Comment sortir de vingt ans de quasi-immobilisme mitterrando-chiraquien ? Et intéressons-nous à la course elle-même.

L’inoxydable Jean-Marie Le Pen est toujours parmi nous, son électorat ne s’est pas évaporé dans le Larzac (malheureusement), et le patron de l’extrême droite compte bien, une fois encore, être présent au second tour. Ce qui est à la fois possible et consternant.
Ceux qui pensent que le destin de Nicolas Sarkozy est déjà tracé peuvent être surpris. Il y a beaucoup de « trop » chez Sarko : trop jeune, pas assez marqué par les batailles, et les Français n’aiment pas les vainqueurs du premier coup. Trop atlantiste, trop conservateur aussi pour un pays finalement très au milieu. Trop obsédé par son image, par les médias, trop dans la mêlée pour être, déjà, un homme d’État. Et puis, il suffit que le vieux Jacques lui prenne 2 % ou 3 % au premier tour en suscitant par exemple avec une candidature gaulliste « authentique » type Alliot-Marie pour que le chemin annoncé comme triomphal tourne au chemin de croix.

la suite après cette publicité

Parlons du grand chaos de la gauche française. Un, personne depuis la débâcle de 2002 n’a réussi à réduire l’influence d’une extrême gauche totalement « archéo » et dépassée par l’histoire. Deux, le Parti socialiste se retrouve avec une bonne demi-douzaine de candidats à la candidature. Dont les professions de foi vont du « non » à l’Europe au « oui » à l’Europe, ce qui en dit long sur la cohérence idéologique de nos amis. Trois, le favori des candidats à la candidature, la très impressionnante Ségolène Royal, est encore la compagne du premier secrétaire du parti, lequel n’a pas vraiment renoncé à se présenter. Quatre, Ségolène plaît à la France, mais elle ne dit rien sur rien. Elle mène une remarquable campagne à l’américaine, avec beaucoup sur l’image et pas grand-chose sur le fond.
Il y a bien quelqu’un qui pourrait jouer un rôle. Le seul peut-être, dans cette génération, à avoir une stature d’homme d’État. Le seul qui paraît avoir un regard, des idées au-dessus de la mêlée. Il a déjà gouverné avec plus de hauts que de bas. S’il se présentait, Lionel Jospin serait candidat pour la troisième fois (après 1995 et 2002). C’est ce qu’il a fallu à Mitterrand et à Chirac pour gagner. Et les Français aiment bien, justement, les hommes politiques couturés de partout, blessés, humiliés, et finalement renaissants.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires