Tunisie Télécom fait sa mue
La privatisation partielle de l’opérateur national commence à produire ses effets, notamment au niveau du management.
Il a fallu moins de deux mois, pas plus, pour que les premiers effets de la privatisation partielle de l’opérateur national Tunisie Télécom (TT) se fassent ressentir. Le management de TT a été renforcé avec l’arrivée de trois représentants du nouveau partenaire, l’émirati Tecom-DIG, qui a racheté 35 % du capital pour un peu plus de 3 milliards de dinars (1,76 milliard d’euros), en attendant de devenir majoritaire d’ici à quatre ans. François Lucas a pris, fin août, ses fonctions de directeur général adjoint. Il a été précédé par les deux directeurs centraux, à pied d’uvre depuis juillet, Michael Foley, pour les affaires commerciales et du marketing, et Olivier Cantagrel, pour les finances. Le nouveau management dispose désormais d’un atout qui lui donne plus de flexibilité dans la gestion : la mise en application d’une nouvelle clause du cahier des charges qui ne soumet plus les marchés conclus aux règles de l’administration publique, dont les procédures duraient plusieurs mois.
Le Canadien Michael Foley a le profil type du cadre supérieur recherché par les dirigeants de TT. Il a derrière lui une carrière internationale de quinze ans dans le secteur des télécommunications, avec une expertise en matière de politique commerciale, surtout dans la téléphonie mobile, les transmissions de données et l’Internet. Avant de rejoindre Tecom-DIG à Dubaï, l’an dernier, il a été directeur exécutif et commercial de MobilTel Bulgarie (mars 2004-juillet 2005), au rachat duquel il a participé. Il a également occupé les fonctions de vice-président marketing chez Connex, principal opérateur mobile en Roumanie, après avoir travaillé chez Procter & Gamble, New Brunswick Telephone (Canada), Bell Canada, Home Networks (Canada) et Excite Canada. Mais, comme il le dit lui-même, « nous ne sommes pas venus ici pour tout chambouler, à l’américaine ». L’état des lieux à TT est en effet plutôt satisfaisant. « La bonne nouvelle pour nous, souligne-t-il, c’est qu’il n’y a pas eu de surprise. Les réseaux de TT sont en très bon état. Les techniciens sont compétents et voient d’un bon il les évolutions en cours à tous les niveaux. Le rythme est en train de changer. De ce fait, la gestion de TT se rapproche davantage des standards privés. Ce qui nous permettra d’offrir assez rapidement des services nouveaux. La marque TT a besoin d’être rafraîchie, pas d’être remplacée. Elle doit désormais dire au consommateur que c’est notre devoir de le servir au lieu de lui dire que c’est notre droit de lui donner des lignes. »
La nouvelle stratégie commerciale est donc désormais tournée vers les consommateurs, avec toute une série d’actions de promotion étalées sur une année et l’offre de services nouveaux. La politique commerciale de la vieille TT a fait l’objet d’une évaluation par le Boston Consulting Group, qui a relevé un point faible : le réseau de distribution est insuffisant pour les 5 millions de clients de TT. L’opérateur historique fixe et mobile ne compte que 72 points de vente, alors qu’Orascom, l’opérateur privé dans la téléphonie mobile, s’est doté d’un réseau de 400 points de vente en l’espace de trois ans. L’extension du réseau a donc été lancée avec l’autorisation donnée à des Publitels (cabines téléphoniques publiques) de vendre des cartes Sim. Des services nouveaux, qui sont standard chez les opérateurs européens, ont été introduits, comme le mail sur téléphone portable (MobiMail) ou l’Internet par mobile (MobiNet), lancés début septembre à titre expérimental. La commercialisation de produits chers demeure cependant limitée, car la Tunisie, avec une population de 10 millions d’habitants, demeure un petit marché. Mais un petit marché « accro » aux nouvelles technologies et renforcé par des entreprises dynamiques tournées vers l’exportation, des centaines d’investisseurs étrangers et 6 millions de visiteurs par an. « Les télécommunications sont le premier outil pour améliorer le degré de compétitivité au niveau international, souligne Foley. En Tunisie, ça devient un projet de société. On le voit très bien dans la volonté du gouvernement de développer les technologies de l’information et l’accès à l’Internet. Il nous faut donc commencer à considérer des outils télécoms dans l’offre commerciale et donner des avantages compétitifs à ceux qui les utilisent. Nous avons un très bon réseau de transmission de données. Il y a une énorme opportunité de ce côté-là. Il s’agit de créer des services utiles à nos clients business. »
L’Internet fixe et mobile sera-t-il le grand gagnant dans la privatisation de TT ? À voir l’intérêt que lui porte le nouveau responsable commercial de l’opérateur, la réponse est oui. « Ce qui est absolument indéniable, c’est que le pourcentage de niveau de pénétration d’Internet est insuffisant. Notre objectif est de le tripler ou de le quadrupler, en passant de 5 % à 15 % ou 20 %. Il faudra nous en donner les moyens. »
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