CAN – Tunisie : Youssef Msakni, un capitaine à la carrière décevante ?
Buteur décisif face au Nigeria en 8e de finale, le capitaine des Aigles de Carthage n’a pas fait la carrière à laquelle son talent le prédestinait.
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Cinq ans se sont écoulés, mais Youssef Msakni (31 ans, 80 sélections, 15 buts) n’a pas oublié sa dernière confrontation avec le Burkina Faso en sélection. C’était le 28 janvier 2017, à Libreville, lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). L’équipe burkinabè avait éliminé la Tunisie (2-0) en quart de finale, comme en 1998, quand elle s’était imposée aux tirs au but (1-1, puis 8-7). Ce 30 janvier, c’est au même stade de la compétition que les deux équipes vont se retrouver.
Le capitaine tunisien, auteur du but qui a qualifié les Aigles de Carthage face au Nigeria (1-0) en huitième de finale, est considéré comme un technicien doué. Mais son talent ne s’est révélé au grand jour que lors des phases finales de la CAN, la septième d’une carrière internationale débutée en 2010. Car depuis 2013, le milieu de terrain offensif, formé au Stade tunisien et passé par l’Espérance sportive de Tunis, évolue au Qatar, dans un championnat peu médiatisé et de niveau moyen.
Brève apparition en Europe
En 2012, alors interrogé par Jeune Afrique, Msakni voyait le Qatar comme « un bon tremplin », avant de rejoindre le Vieux Continent. Depuis, le Tunisien n’a fait qu’une brève apparition en Europe : tout juste sept matchs en 2019, lors d’un prêt au modeste club belge d’Eupen, propriété de la fondation qatarie Aspire Zone.
« Youssef dispose d’un immense talent. Il va vite, a une qualité de dribble et de passe au-dessus de la moyenne, il est très bon techniquement et tactiquement, car il sait lire le jeu de son équipe et de son adversaire, ce qui me fait dire qu’il pourrait devenir un bon entraîneur », estime Nabil Maâloul, qui l’a dirigé à l’Espérance puis en sélection nationale.
À l’époque, à quelques mois de son transfert à Al-Duhail pour 11,5 millions d’euros, son nom revenait avec plus ou moins d’insistance du côté du Paris Saint-Germain, qui venait d’être racheté par Qatar Sports Investments (QSI) et à qui on prêtait l’intention de recruter un joueur maghrébin. « Il aurait pu faire une belle carrière en Europe, dans un grand club. Aujourd’hui, à 31 ans, c’est trop tard », regrette Maâloul.
Le Qatar, un choix pécuniaire
Toujours sous contrat avec Al-Duhail, Msakni gagne plus de 120 000 euros par mois (hors primes) dans le Golfe persique. « Il a trouvé une qualité de vie au Qatar : il gagne des titres et beaucoup d’argent. Youssef a fait un choix qu’il faut respecter, mais oui, j’aurais aimé le voir en Europe », admet Maâloul.
De fait, beaucoup de footballeurs nord-africains privilégient désormais le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou encore le Koweït à l’Europe. « La plupart d’entre eux viennent de milieux modestes ou très modestes. Quand on leur propose un salaire plus important dans le Golfe qu’en Europe, sauf si c’est un gros club, ils n’hésitent pas », explique un agent de joueurs qui a souhaité conserver l’anonymat.
Certains passent peut-être à côté d’une plus belle carrière, mais ils se consolent avec l’argent gagné et une vraie qualité de vie
Il pointe également la préférence exprimée par certains d’entre eux de jouer dans un pays arabophone. « Alors oui, certains passent peut-être à côté d’une plus belle carrière, mais ils se consolent avec l’argent gagné et une vraie qualité de vie. » Mais tous ne sont pas dans ce cas. Ainsi, l’Algérien Islam Slimani a quitté son pays en 2013 pour le Portugal et n’a jamais cessé d’évoluer en Europe depuis, malgré des offres venues du Qatar.
Il y a quelques années, Msakni avait reçu une proposition de Lille, l’un des meilleurs clubs français. L’affaire n’avait finalement pas été conclue, alors que le joueur avait annoncé aux dirigeants sa volonté de signer en Europe. Selon certaines rumeurs, le salaire proposé (60 000 euros brut par mois) n’aurait pas convenu au capitaine des Aigles de Carthage. « Quand vous avez un gros salaire au Qatar et qu’on vous propose de gagner moitié moins, même dans un bon club européen, cela fait réfléchir. Je ne sais pas si tout cela est vrai, mais si c’est le cas, ce n’est pas étonnant. D’autres auraient fait la même chose », plaide Maâloul.
Les Tunisiens amateurs de football, eux, ne tiennent pas rigueur de ce choix à l’un des meilleurs joueurs de sa génération. Ils lui demandent surtout d’aider la sélection à atteindre les sommets du football africain.
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